Désillusion…

 

Qui a dit que la communication était vraiment la base de toute relation humaine ?

 

Voilà maintenant un mois et demi que j’essaye, en vain, de mettre des mots sur le dur retour à la réalité que j’ai vécu il y a quelques semaines. Une mauvaise expérience, mon rêve qui s’effondre, et tous mes mots s’évanouissaient dans l’immensité du Yukon. Combien de fois ai-je ouvert Word avec le besoin d’enfin raconter cet aléa de la vie ? Combien de fois ai-je tout aussi rapidement éteint mon ordinateur ? J’ai arrêté de compter… C’est finalement Laetitia qui m’a donné le courage de partager cette mésaventure, et d’enfin l’accepter. En découvrant un de ses articles, j’ai réalisé que je n’étais pas seule, et de le lire, cela faisait un bien fou…

Néanmoins, les circonstances diffèrent légèrement. Alors qu’elle a pris l’initiative de quitter son volontariat, réalisant qu’elle n’était pas faite pour le job, je savais, de mon côté, que j’allais adorer ce pourquoi j’avais choisi le Yukon, puisque j’avais déjà été handleuse en France et que, depuis mon PVT accepté, je piaffais d’impatience à l’idée de rejoindre une nouvelle meute… Non, mon bénévolat a pris une tournure inattendue. Sans entrer dans les détails, disons juste que je le savais déjà, mais que j’en ai encore davantage pris conscience à ce moment-là : la communication est un élément essentiel à toute relation humaine. Sans elle, une situation peut vite dégénérer, et c’est ce qui m’est arrivé. Mes « employeurs » ont pris la décision de mettre fin à cette aventure, sans discussion préalable… Cela aurait pu être évité s’ils m’avaient dit plus précisément ce qu’ils attendaient de moi, à savoir une très très grande disponibilité. Peut-être que j’avais pris un peu trop de liberté, voulant améliorer mon anglais et randonner dans les alentours… Quoi qu’il en soit, le 14 novembre au soir, je me retrouvais brusquement libre de tout engagement… Bien qu’embarquée avec Alayuk jusque mi-avril, me voilà, cinq mois avant l’échéance, à rechercher logement et boulot.

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S’en est suivi une semaine particulièrement éprouvante… Je crois bien être passée par bons nombres de sentiments : l’incompréhension, la tristesse, la colère et enfin l’acceptation. Je vivais mon premier échec Outre-Atlantique mais je n’en étais pas morte pour autant. Pourtant, tous les doutes précédant mon départ ont refait surface, me sanglant les entrailles et élisant domicile dans un coin de ma tête. J’étais plus que confuse… Je devais passer l’hiver à partager une complicité avec une meute et leur musher, à faire du traîneau et à apprendre à devenir guide, … finalement, ma vie se dirigeait vers le même train-train que je menais en France (du moins c’est ce que je croyais à ce moment-là), à une exception près cependant, j’étais à des milliers de kilomètres des miens. J’ai sérieusement pensé à rentrer, à abandonner les bénéfices de mon PVT pour retrouver la chaleur de mon cocon. Mais une petite voix au fond de moi a réussi à combattre mes ennemis « les doutes ». Elle me chuchotait sans cesse à l’oreille : « vas-tu vraiment laisser cette épreuve te définir ? laisser le Yukon te vaincre ? ». Car oui, ici, c’est quitte ou double… Le Yukon, on l’aime et on y reste ; ou on le quitte de suite. Et le truc justement, c’est que, le peu que j’en ai aperçu, j’adore le Yukon ! Jusqu’ici, j’ai profité au maximum de ce qu’il avait à offrir, de ce nouvel univers qui m’enchante tant. Alors non, je n’allais pas laisser cette mauvaise expérience dicter la suite de mon aventure yukonnaise. Avec le soutien de mes proches, qui, même loin, m’ont soutenue, j’ai donc commencé à remonter la pente. Et pour ne rien vous cacher, sur place, je n’étais pas vraiment seule non plus !

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Souvenez-vous, mes cours d’anglais étaient bien plus que de simples cours pour moi. J’y ai rencontré de très belles personnes. À nous tous, nous formons une petite communauté, où le partage, le soutien et l’entraide côtoient apprentissages et rigolades. La solidarité de ce groupe m’a touchée à un point… Grâce à lui, je n’ai passé qu’une seule nuit en auberge. Sophie m’a hébergée quelques nuits et Lhoussain, marocain expatrié depuis huit ans, m’a permis de trouver mon nouveau foyer, une chambre dans sa colocation ; d’abord au sous-sol, puis maintenant à l’étage. C’est un peu la maison de l’inventeur fou de « La Belle et la Bête », avec des créations dans tous les recoins de chaque pièce. Ce sont les œuvres de Philippe, le proprio, un vancouvérois d’une cinquantaine d’années. Ici, je cohabite donc avec Lhoussain et lui, puis avec Kate, étudiante, originaire des Terres-Neuves et du Labrador, et enfin avec Jake et sa chienne Hazel, venant tous deux d’Ontario. Je pratique mon anglais, je cherche un emploi (quoi que j’aie une piste sérieuse pour un petit boulot en attendant de trouver mieux…) et surtout, je digère ce malencontreux évènement, en apprenant de mes erreurs. Un de mes professeurs disait souvent : « On s’adapte, on domine ! », et c’est ce que je fais. En attendant de travailler, j’explore… Je randonne, je patine sur des lacs gelés, je m’initie à la chasse ou encore à la pêche…

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Même si la fin a été un peu brutale, mes deux mois passés chez Alayuk ont été une expérience très enrichissante. J’y ai rencontré une meute exceptionnelle, une musheuse passionnée et j’ai appris une (parmi tant d’autres) méthode pour préparer ces superbes athlètes à prendre le départ de courses mythiques telles que l’Iditarod ou la Yukon Quest.

2016 s’achève sur une note de déception,
Mais toutes choses arrivant pour une raison…
… 2017 s’annonce être une année très riche en rebondissements !

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Hazel

Bon dernier jour de l’année, amis voyageurs (… ou non d’ailleurs !)

 

« La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute »,
Confucius

13 réflexions sur “Désillusion…

  1. Oh ! Je suis désolée… mais ce que tu en décris et l’article de l’autre volontaire, ça en laisse aussi beaucoup dire sur les abus du bénévolat. Même si tu devais obtenir une position salariée, même si le gîte et le couvert sont offerts, il y a tellement d’autres paramètres en jeu… Ne regrette pas ! Tu peux être fière d’avoir gardé la tête haute et d’être restée là-haut !

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  2. Wahou, quel choc cela doit être… J’ai trouvé un stage de 4 mois à Whitehorse à partir de mai, et je t’avoue être dans le même état d’esprit que toi avant ton départ.
    Tu avais eu beaucoup de contact avec tes « employeurs » avant de partir ?
    L’accent « Anglais/canadien » diffère t il bcp de l’américain-brittanique ?
    En tout cas c’est super que tu ai pu rebondir, pas de regrets comme ça, avec du recul ça ne sera que du bon 🙂 mais j’avoue que du coup je me dis waaa si ça m’arrive qu’est ce que je vais faire..^^
    Sur ce je continue d’explorer ton blog qui je pense va m’être très utile 🙂 Je pense que je ferai appel à toi si j’ai des questions si tu le veux bien à mon avis plus le départ va approcher plus ce sera le cas!! et je ne connais vraiment personne dans cette partie du monde….

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    1. Hello Léa !
      Il n’y a aucune raison que tu vives la même expérience que moi, et si ça devait être le cas, tu pourras toujours me contacter si tu as besoin d’aide pour rebondir 😉
      Je pense que tu n’auras aucune difficulté à comprendre les canadiens si tu t’en sors avec des américains et des anglais 🙂
      N’hésites pas en effet à me contacter si tu as des questions !
      Bons préparatifs, et au plaisir de se croiser à Whitehorse, en mai prochain alors !!

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