Dans cet article :
- Jour 58 (18 septembre 2022) : Partie 2 – L’arrivée en Saskatchewan
- Jour 59 (19 septembre 2022) : Le Parc national des Prairies, bloc ouest – Partie 1
- Jour 60 (20 septembre 2022) : Le Parc national des Prairies, bloc ouest – Partie 2
- Jour 61 (21 septembre 2022) : Le Parc national des Prairies, bloc est

Jour 58 (18 septembre 2022) : Partie 2 – L’arrivée en Saskatchewan
Et juste comme ça, alors que Mme GPS me perd sur les routes de graviers entre les champs, j’arrive en Saskatchewan.

Pour beaucoup, cette province ne mérite pas de s’y arrêter. C’est simplement une étape obligatoire d’environ 740 kilomètres de la route transcanadienne, soit pour se rendre dans l’est du pays, soit pour se rendre dans l’ouest. Souvent jugée plate, tant en termes de relief que de monotonie, les gens tracent la route et ne prennent pas le temps de visiter.
Il y a quatre ans, lors de notre traversée avec mon ex-Fisherman, ça avait été notre gros coup de cœur. Après la frénésie des Rocheuses, nous retrouvions le calme et la nature pour nous tous seuls. Depuis, j’avais envie d’y retourner et d’y passer encore plus de temps. Finalement, l’accident en aura décidé autrement… J’ai en effet privilégié la randonnée en montagnes à la marche dans les prairies, ne me laissant que quelques jours ici. Je resterai à nouveau au sud de la province, me faisant la promesse de revenir pour en voir encore plus.
Je ne sais l’expliquer, mais je me sens bien ici. Alors que les montagnes limitent les vues, une vallée à la fois, les prairies dévoilent au grand jour toute la vie qui les habite. Les rapaces, perchés sur les poteaux électriques ou les piquets des barrières, et les coyotes surveillent les champs à la recherche de proies faciles ; les cerfs et biches paissent tranquillement dans les champs fraîchement récoltés, partageant leurs trouvailles avec les antilopes d’Amérique ; et les troupeaux de vaches broutent dans d’immenses prés. Alors oui, pour voir tout cela, c’est certain qu’il faut sortir de la Transcanadienne… route que je n’ai jamais empruntée en Saskatchewan.

Je poursuis donc ma route vers le Parc national des Prairies, non sans un détour vers le Lieu historique national du Fort-Walsh pour une petite marche avec Ouna. Bien évidemment, hors saison, le fort est fermé et je ne peux en apprendre davantage sur le massacre des collines Cypress et ses conséquences sur le peuple Nakoda. Je peux cependant faire une jolie balade dans les collines, où les couleurs de l’automne se sont invitées, tout comme quelques chevaux que je dois contourner puisqu’Ouna est assez curieuse…






De retour à la voiture, nous nous dirigeons vers Val Marie, à l’entrée du parc national, où nous nous installons au camping municipal. Une bonne douche ne sera pas de refus! Et bien évidemment, sur la route, encore et toujours des antilopes d’Amérique.

Jour 59 (19 septembre 2022) : Le Parc national des Prairies, bloc ouest – Partie 1
La nuit n’a pas été très réparatrice… Je ne sais pas si c’est dû aux rêves étranges que j’ai faits ou à la pluie qui tambourinait Lyna. J’avais prévu une longue randonnée dans le Parc national des Prairies, le sentier de la mer de Bearpaw, mais je ne m’en sens pas l’énergie. Après plus de trois semaines dans les Rocheuses à randonner quasiment tous les jours, je sens que mon corps est vraiment fatigué. Qu’à cela ne tienne, ce sera trois courtes marches pour découvrir un côté du parc national que je ne connais pas encore.
Je commence avec la boucle des buttes Aigle et 70-Mile à une dizaine de kilomètres du camping. Je suis accueillie par un panneau signalant la présence de serpents dans les plaines… autant dire que je préférais le pays des ours à celui des serpents !

Encore une fois, je suis seule dans ces vastes étendues jaunes où l’on voit à perte de vue. Le vent ne s’est pas encore levé et j’ai déjà chaud. Je traîne un peu la patte et je suis contente de voir les panneaux d’information dissimilés çà et là sur le bord du chemin. J’apprends tout en me reposant, c’est gagnant-gagnant !
Dans cette partie du parc, les collines rompent la monotonie des champs et j’aime beaucoup les couleurs de l’automne qui s’installent même ici. C’est clairement un changement de paysages après les pics acérés des Rocheuses, mais j’aime tout autant me retrouver à marcher dans cette nature.





Après une heure et trente minutes de marche, Ouna et moi rejoignons Lyna et nous dirigeons vers l’aire diurne des Deux-Arbres. De là, deux marches sont possibles : celle des Deux-Arbres, et celle de la promenade de la rivière. Je décide de faire les deux. La première sillonne dans des collines roulantes alors que la deuxième m’emmène près de la rivière Frenchman. La végétation y est certes toujours naine, mais complètement différente d’une balade à l’autre. Proche de la rivière où il y a un plus haut taux d’humidité, des mini-arbustes ont la force de survivre et de se développer. Le contraste est saisissant : deux marches de près de trois kilomètres, un même point de départ, des panoramas variés.









Je reprends ensuite la route vers le départ de la marche Trois-sœurs, à seize kilomètres de là. Je ne suis pas vraiment motivée pour marcher encore, mais j’aimerais voir l’environnement. Finalement, je n’arrive pas à ouvrir le portail, alors je m’assois près de la voiture pour observer les chiens de prairie. D’abord timides, ils finissent par s’habituer à ma présence discrète et j’arrive à prendre quelques beaux clichés.



Je retourne ensuite au camping, aux alentours de 13 h. Je déjeune, puis bouquine. Ça fait du bien de prendre du temps pour soi aussi. J’ai parfois de la difficulté à le faire tellement j’ai envie de découvrir tout et partout, mais aujourd’hui, j’avais vraiment besoin de ce temps pour moi.
Je ne suis pas censée travailler aujourd’hui puisque c’est jour de deuil national pour les funérailles de la reine Elizabeth II, mais je profite du calme pour avancer quelques projets.


Plus tard en soirée, je rattrape un peu mon retard sur le blogue et une fois le soleil couché, je vais au lit.
Jour 60 (20 septembre 2022) : Le Parc national des prairies, bloc ouest – Partie 2
Le vent a soufflé toute la nuit, malmenant Lyna. Ouna et moi avons cependant eu une bonne nuit et nous sommes d’attaque pour cette nouvelle journée. Nous retournons marcher dans le Parc national des Prairies, sur le sentier Timbergulch.
Après un petit déjeuner rapide, nous conduisons la vingtaine de kilomètres qui nous séparent du départ de la randonnée. Déjà, nous apercevons les majestueux bisons des prairies. J’avoue être un peu anxieuse à me lancer sur leur territoire… je connais cependant les règles de base à appliquer : laisser la distance d’un terrain de foot entre moi et eux. Bon, comme je ne suis jamais vraiment allée sur un terrain de foot, c’est un peu flou à combien de mètres je dois me tenir…, mais je resterai loin, c’est certain !
[J’ai regardé sur Google une fois de retour au réseau cellulaire : c’est 105 mètres, ce serait plus simple si Parcs Canada disait 100 mètres… enfin bref…]
Dès que je sors de Lyna, je suis assaillie par des rafales si puissantes que je sens le froid m’envahir jusqu’au plus profond de moi. Je peine à faire mes lacets, car je ne sens presque plus mes doigts. On m’avait parlé du vent de la Saskatchewan, enfin des prairies, mais je ne l’avais encore jamais connu aussi vorace. Je mets donc bonnet et gants avant de m’élancer sur le sentier, qui va nous faire traverser trois coulées créées initialement par des glaciers qui sont maintenant un habitat de prédilection des bisons.
Je me sens tellement minuscule dans ces plaines aux mille nuances de jaune. Je peine à décrire la grandeur des paysages… il faut la vivre, tout simplement, car franchement, j’ai beaucoup de difficulté à raconter en mots et en photos les plateaux balayés par le vent, les coulées à la végétation plus dense où biches et lièvres ont élu domicile, les bisons éparpillés sur ma droite et sur ma gauche, tantôt solitaires, tantôt en petits groupes.







Alors que jusqu’à présent les mastodontes des lieux étaient loin du sentier, j’en remarque un tout proche d’où je dois passer. Je prévois donc contourner la zone vers la colline de gauche, mais à mesure que je me rapproche, je remarque un deuxième bison qui sieste dans le coin. Je bifurque donc sur ma droite, monte une autre butte pensant être assez éloignée. Aucun problème, les deux bisons restent à leurs affaires pendant qu’Ouna et moi retrouvons le sentier quelques minutes plus tard.

Nous bouclons la randonnée de quinze kilomètres et d’un peu plus de 400 mètres de dénivelés (qui a dit que la Saskatchewan était plate??) en 3 h 30. Puis nous reprenons la route, direction le bloc est du parc national. À peine repartie, je m’arrête de nouveau, car un coyote est en train de traverser la résidence de dizaines de chiens de prairie.


Nous faisons ensuite une pause à Wood Mountain, à une heure et quelques d’où j’étais ce matin, en ayant vu un couple d’antilopes d’Amérique dans un champ. #HappyKellyLeRetour Je passe l’après-midi dans ce village à travailler pour le journal.

Et puisque le réseau cellulaire est bon et que je dois travailler aussi demain matin, je décide de passer la nuit dans le coin.
Jour 61 (21 septembre 2022) : Le Parc national des Prairies, bloc est
Une fois ma matinée de travail achevée, Ouna et moi prenons la route pour le centre d’accueil du bloc est du Parc national des Prairies. De là, plusieurs randonnées commencent et c’est celle qui s’appelle Red Buttes que je décide de faire. J’avais longtemps hésité à refaire la randonnée Vallée des 1 000 Devils que j’avais faite avec mon ex-Fisherman en 2018, car je l’avais beaucoup aimée, mais j’ai choisi de l’inédit. Je n’aurais pas dû…
La randonnée était décevante, un aller-retour assez long avec aucune butte rouge ! Il paraît pourtant que plusieurs collines sont rougies par l’oxydation de l’ion carbonate. C’est certain que je ne la recommanderai pas, même si ça m’a fait du bien d’être dehors, au cœur des prairies de la Saskatchewan. La déception est encore plus grande lorsque je croise des gars du parc qui me demande pourquoi j’ai choisi cette rando… car, pour eux, elle n’a aucun intérêt. Et ils remuent le couteau dans la plaie en m’annonçant qu’ils ont refait toute a boucle de Vallée des 1 000 Devils et que c’est encore mieux qu’avant… Bref, je suis dégoûtée et le retour me paraît encore plus long. Parfois, faut vraiment que je suive mon instinct !






Nous poursuivons ensuite la route encore plus vers l’est et nous nous arrêtons à la tombée de la nuit dans le camping d’Omega, au sud de la Saskatchewan. Demain, nous quitterons cette belle province avec l’envie d’y retourner pour en explorer davantage !
