Dans cet article :
- Jour 48 (8 septembre 2022) : Pocaterra Ridge
- Jour 49 (9 septembre 2022) : Sarrail Ridge via Rawson Lake
- Jour 50 (10 septembre 2022) : Burstall Pass avec Chris
- Jour 51 (11 septembre 2022) : Le mont Smutwood

Jour 48 (8 septembre 2022) : Pocaterra Ridge
Levée à 6 h, il fait 4°C et je m’habille plus chaudement pour notre rituel tour du camping matinal, ça sent la fin de l’été… Le ciel aujourd’hui est tout couvert, voire menaçant, tellement d’ailleurs que j’hésite à aller randonner. Mais je me motive quand même pour tenter la crête Pocaterra.
Je conduis pendant 25 minutes sur la route 40 et me gare au col Highwood, à 2 206 mètres d’altitude (ce qui fait d’elle, la route pavée la plus haute du Canada !). C’est dommage que les nuages roulent dans la vallée, car j’imagine la vue sensationnelle… Il va falloir que je revienne un autre jour pour confirmer.
La randonnée traverse normalement la crête, nécessitant une deuxième voiture, ce que je n’ai pas… De toute façon, il y a des travaux sur une des deux aires de stationnement et une affiche, située à l’entrée du sentier, signale aux randonneurs et randonneuses de faire demi-tour une fois arrivés au premier sommet.
Ouna et moi évoluons d’abord dans une forêt, jonglant entre boue et racines. Ouna commence à être habituée à randonner en laisse et est à l’écoute de mes commandes ; parfois, d’elle-même, elle se retourne et m’attend alors qu’elle vient de passer un endroit délicat. Nous sommes vraiment en symbiose.
Une fois dans la vallée, je suis obligée de m’arrêter pour contempler les paysages qui m’entourent. Sur ma gauche, des façades rocailleuses aux coulées noires, sur ma droite, une vue qui s’ouvre sur la route 40. Jusqu’à présent, le sentier, facile, monte si légèrement que j’ai l’impression de marcher sur du plat. Ainsi au cœur de la vallée, j’avoue ne pas reconnaître le sommet que je vais gravir.


Puis finalement, la trace bifurque sur ma droite et je réalise enfin ce qui m’attend : une montée relativement courte, mais très à pic. Malgré les règles, et devant la difficulté du terrain — un genre de sol sablonneux très glissant —, je décide de détacher Ouna. Elle ne court pas devant comme à son habitude, elle galère aussi à venir à bout de la pente, si bien qu’elle marche relativement lentement. Quant à moi, j’avance un pas après l’autre, doucement, mais sûrement.



Quand enfin j’arrive au sommet, je reste pantoise. Le panorama qui s’offre à moi me coupe le souffle, bien que les nuages s’enroulent autour des sommets alentour. La vallée a l’air d’être remplie de vie avec ses quelques arbres et son cours d’eau, alors que les montagnes sont arides au possible. La crête m’appelle et je regrette déjà de ne pouvoir m’aventurer plus loin.




En rebroussant chemin, je croise plusieurs groupes, dont des personnes âgées qui partent pour la journée, explorer les environs. J’espère avoir toujours la possibilité de faire cela à leurs âges ! Puis de retour à Lyna, cap sur le Centre d’information du parc (situé à une dizaine de minutes du camping), où j’ai accès à une prise de courant et du Wi-Fi, le combo parfait pour l’après-midi de travail qui m’attend.

Une fois mes heures achevées, je regagne mon emplacement de camping et passe la soirée sur Netflix.
Jour 49 (9 septembre 2022) : Sarrail Ridge via Rawson Lake
Petite forme ce matin, je me réveille avec un mal de crâne et un corps fatigué. Il faut dire que depuis que je suis partie, mes journées sont assez chargées avec les réveils de bonne heure pour randonner et les après-midi travail. Je décide donc de comater au lit au lieu d’aller marcher, comme je l’avais prévu. Ouna quitte sa cage et vient se blottir contre moi, tout ce que j’avais besoin pour ce matin au calme.
Quand j’émerge de Lyna, il est près de 10 h. Nous partons faire le tour du camping, histoire de ranimer nos corps en douceur, puis nous nous préparons pour la journée. La migraine est passée, mais je ne suis toujours pas en mégaforme. Le premier arrêt sera donc pour le Centre d’information du parc pour travailler. Ouna, elle, reste sagement dans la voiture pour siester.
Je termine mes heures vers 14 h et retrouve Ouna et Lyna. La première est impatiente de sortir. La randonnée que j’avais prévue aujourd’hui mène d’abord au lac Rawson, puis sur une crête surplombant la partie haute du lac Kananaskis. Je ne pense pas avoir l’énergie de me rendre jusqu’au bout, mais entame au moins la première partie jusqu’au lac Rawson.
Sur le premier kilomètre, nous longeons le lac Kananaskis, avant de nous enfoncer davantage dans la forêt. Le sentier devient légèrement plus étroit et pentu. En un peu plus d’une heure, nous sommes au lac. C’est tellement beau que je trouve finalement la force de continuer jusqu’à la crête.







Je longe donc le lac Rawson avant de commencer l’ascension finale, et quelle ascension ! C’est super raide et super glissant. Je fais quelques pas, une pause pour reprendre mon souffle ; et je répète. La poussière vole à chaque fois que mon pied entre en contact avec le sol, et je suis toute cracra.
Je croise quelques personnes qui descendent en me confirmant que l’effort sera récompensé une fois au sommet. De toute façon, rendue où je suis, il est hors de question que je fasse demi-tour, alors je m’accroche. Pfff, et qu’est-ce que j’ai bien fait de me pousser ! Je ne trouve pas les mots pour décrire ce que j’ai sous les yeux. Des montagnes rocheuses grisâtre-blanchâtre rencontrent le bleu profond du lac Kananaskis, alors qu’une multitude de pics est visible à l’horizon.


Avant d’entreprendre la descente, nous faisons une pause collation pour nous imprégner du tableau. Alors que je descends, je vois le couple anglais que j’avais croisé un peu plus tôt, quitter le sentier. Plus loin, j’aperçois un ours noir qui se dirige vers la forêt. Il semble énorme. Ni une ni deux, je me mets à faire encore plus de bruits que d’habitude pour prévenir de ma présence. Une fois la pente raide terminée, je retrouve le couple qui m’attendait, car il voulait être certain que j’étais correct. Nous papotons un peu puis nous nous séparons à nouveau.

Une fois au camping, je pars me rincer dans le lac qui borde mon emplacement. Pendant que je prépare le dîner, j’écris quelques lignes dans mon carnet de route, puis vais me coucher lorsque le soleil disparaît.
Jour 50 (10 septembre 2022) : Burstall Pass avec Chris
Ce matin, je suis tout excitée, car je retrouve mon amie Chris. Près d’un an que nous ne nous sommes pas vues puisqu’elle a quitté le Yukon fin septembre l’année dernière. J’ai tellement hâte de randonner à nouveau avec elle !
Nous nous sommes donné rendez-vous à 10 h sur le stationnement de la randonnée Burstall Pass, une randonnée que Chris qualifierait comme une qui offrirait une superbe vue pour un effort minimal.
Comme je suis réveillée de bonne heure, je m’arrête au Centre d’information pour programmer un article de blogue, puis prends la route 742. Chris m’avait prévenue qu’elle était dans un mauvais état, mais je n’aurais jamais cru autant. Les ornières immenses provoquent de telles vibrations que tout Lyna crie. Je pense à Ouna ballottée dans sa cage… ça ne doit pas être agréable.
Je me stationne et commence à préparer mon sac que je vois Chris arriver. Nous nous serrons fort et longtemps dans les bras, tellement heureuses de nous revoir. Nous avons hâte de nous raconter nos vies respectives aussi, car en un an, nous avons bien échangé quelques messages pour prendre des nouvelles l’une de l’autre, mais les échanges sont restés relativement superficiels. Rien de mieux qu’une rando de plus de cinq heures pour allier le plaisir d’être dehors et celui de papoter.
Nous nous mettons donc en marche. Je ne prête pas vraiment attention aux paysages. Je suis davantage concentrée sur ma conversation avec Chris. De temps à autre cependant, nous faisons une petite pause pour contempler ce qui nous entoure et c’est vraiment très beau !

La randonnée est globalement facile. Notre première difficulté est de passer une zone où un ruisseau est sorti de son lit, inondant tout une plaine. Nous bifurquons à droite à gauche pour garder les pieds au sec. Nous nous en sortons bien.

Après une courte montée, nous nous retrouvons de nouveau dans une plaine, entourées par des géants de roches. Une dernière montée un peu plus raide et nous voilà sur le plateau. La vue donne sur la vallée que nous venons de traverser. D’ici, la perspective est complètement différente. Nous restons à contempler un petit moment, puis nous nous remettons en marche pour continuer un tout petit peu, histoire de voir si nous pouvons avoir une vue sur une autre vallée.

Nous croisons un couple qui redescend et nous confirme que nous pourrons observer le lac Leman. Nous avons bien fait de continuer, car c’est encore une fois de toute beauté.

Puisque ce côté-là est plus calme que le col en lui-même, nous décidons de faire notre pause déjeuner ici. Nous sommes un peu frustrées quand deux personnes s’installent juste à côté de nous pour leur pique-nique… Ce n’est pourtant pas la place qui manque !


Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons à nouveau au col Burstall, prenons quelques photos et nous octroyons une nouvelle pause pour vraiment nous imprégner du panorama.




Puis nous retournons doucement vers nos voitures. Je réalise à quel point je n’avais pas fait attention à ce qui nous entourait au début de la journée, car je suis surprise de découvrir une étendue d’eau à deux minutes de l’aire de stationnement…


Nous nous disons au revoir, en espérant nous revoir bientôt (peut-être pour les 50 ans de Chris en décembre) et repartons chacune vers nos quartiers respectifs. Pour moi, c’est retour au même camping pour une dernière nuit. Je m’arrête avant au Centre d’information pour profiter du Wi-Fi et chercher une chambre d’hôtel à Canmore pour demain soir (puisque Lyna a rendez-vous au garage lundi matin). Les prix sont exorbitants, si bien que je me contenterai d’une autre nuit en camping. Je retournerai à Banff.
Après une rapide toilette dans le lac, Ouna et moi nous installons sur notre emplacement, un peu de lecture dehors. La nuit tombe relativement tôt, et avec elle, le froid s’installe. Nous nous réfugions dans Lyna et ne tardons pas à nous endormir.
Jour 51 (11 septembre 2022) : Le mont Smutwood
Réveil à 6 h… c’est tôt pour un dimanche matin… J’ai envie de faire une dernière randonnée dans le pays de Kananaskis, une randonnée populaire, il vaut mieux que je commence tôt.
J’arrive au départ vers 7 h 15 et il y a déjà une vingtaine de voitures stationnées ! Je vérifie que j’ai bien tout ce qu’il me faut dans mon sac, mets le harnais à Ouna, et c’est parti pour l’ascension du mont Smutwood.
La marche d’approche est longue et plate… près de cinq kilomètres ! C’est joli, nous sommes dans une forêt puis une belle vallée, mais il est encore impossible de voir le sommet que nous allons gravir. Après avoir eu de la compagnie hier, c’est difficile de reprendre la marche sans autre humain avec qui échanger. Dans la vallée, je me demande même si je vais me rendre au bout. Il n’y a certes aucune difficulté pour le moment, mais je suis démotivée… Pourtant, c’était la randonnée que j’attendais le plus dans le pays de Kananaskis, car la préférée de deux femmes que je suis depuis longtemps sur Instagram, Marie et Tiphaine. Je continue donc à mettre un pied devant l’autre.
Le plat laisse place à une pente relativement raide où je double plusieurs groupes. J’arrive au premier lac et aperçois enfin le mont Smutwood. Il reste encore du chemin à parcourir. Je ne tarde donc pas ici, même si je paysage est magnifique.




L’approche finale comporte quelques passages aériens et je ne suis pas rassurée. Je me concentre, demande à Ouna de rester derrière moi. Nous avançons bien, mais je me tétanise quand je vois le dernier tronçon. À flanc de montagne, sur un sol rocailleux, toute chute pourrait être fatale. Je ne pense pas pouvoir continuer.

Je détache Ouna et j’essaye quand même, portée par les personnes devant moi. Je suis cependant obligée de m’avouer vaincue à une dizaine de mètres du sommet. J’ai peur pour moi, j’ai peur pour Ouna, et je ne prends plus aucun plaisir. La vue est déjà belle, malgré un ciel très légèrement voilé. Je suis déçue de ne pas être arrivée au sommet, c’est certain, mais en même temps, je suis fière de moi : pour m’avoir poussée jusqu’ici et pour avoir écouté mes limites.


Doucement, un pied après l’autre, les jambes légèrement tremblantes, j’amorce la descente de ce fameux dernier tronçon. De retour sur le sentier, Ouna et moi reprenons un bon rythme. Nous croisons énormément de monde en sens inverse. Je savais la randonnée populaire, mais étant donné sa difficulté, je n’aurais pas pensé autant… Ça gâche presque tout.
Nous faisons une rapide pause casse-croûte puis reprenons le chemin vers Lyna. Si la marche d’approche de cinq kilomètres m’avait paru longue, celle du retour me semble interminable.







De retour à Lyna, nous disons au revoir au pays de Kananaskis, avec l’envie de revenir bien plus longtemps pour explorer davantage les environs. Direction Banff où une bonne douche m’attend et une nuit au camping Tunnel Mountain.
Encore et toujours des récits captivants et de superbes photographies.
Les liens vers les différentes escapades sont très intéressants.
Catherine se joint à moi pour te souhaiter une excellente fin d’année 2022 et d’agréables fêtes de fin d’année.
Bisous et à bientôt de te lire à nouveau.
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Bises à vous deux ! Bonne fin d’année 2022 🙂
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