Sur la Dempster Highway, direction le Sud

Dans cet article :

Dempster Highway – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Jour 6 (6 juillet 2022) : à la rencontre des Pingos

Quelle bonne nuit ! Ouna et moi nous réveillons fraîches comme des gardons. Un dernier petit tour sur le bord de l’océan et nous reprenons la route, pour quelques kilomètres seulement afin de découvrir le site canadien des pingos, des collines au cœur de glace. Trois parcours de pagaie sont proposés et je décide de faire le plus court, 4 kilomètres aller-retour avec une petite marche sur une passerelle de bois afin de se rapprocher de Pingo Ibyuk, le plus haut pingo du Canada (et le deuxième au monde) avec ses 49 m de hauteur et sa base de 300 m de diamètre.

Site canadien des pingos ; au loin, Pingo Ibyuk – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Je dois donc gonfler ma paddle dans un nuage de moustiques et ce n’est pas vraiment agréable. J’allume le Thermacell, mais je ne suis pas certaine que cela ait beaucoup d’effet… Je pompe, je pompe… une dizaine de minutes plus tard, Ouna et moi sommes prêtes à embarquer. Pauvre Ouna, elle est recouverte de moustiques… Elle monte sur la planche et j’essaye de pagayer vite pour échapper aux suceurs de sang.

Le parcours est agréable (si ce n’est les moustiques, vous l’aurez compris), et Ouna finit même par s’allonger sur la paddle. L’enfer des insectes reprend cependant quand nous accostons deux kilomètres plus loin. Ouna et moi marchons vite sur la passerelle en bois, faisons quelques photos et décâlissons rapidement d’là.

De retour à la voiture, Ouna ne se fait pas prier pour aller dans la voiture, à l’abri des vampires, tandis que je dois les affronter encore un peu, le temps de dégonfler la paddle.

Je retourne ensuite à Tuktoyaktuk à la recherche d’un garage car la lumière sur mon tableau de bord est de nouveau allumée. Je me renseigne à la station-service et personne ici, à la connaissance du gérant, n’a de liseur de code. Cela devra donc attendre Inuvik, notre prochain arrêt.

© Kelly Tabuteau

À peine arrivée en ville, je cherche un garage. Je m’arrête au premier sur mon chemin qui n’a vraiment pas le temps de m’aider. Et finalement, ce n’est pas plus mal car en remontant en voiture, la lumière est éteinte… Étrange !

Je décide alors d’aller faire une petite marche avec Ouna (Boot Lake), mais change d’avis après quelques mètres, dès que les moustiques nous ont repérées. Il fait chaud, toujours trop chaud, et nous sommes fatiguées d’être sans cesse envahies par des insectes. J’opte pour une nuit à l’hôtel ce soir.

Tous ceux que j’appelle sont complets… Il ne m’en reste qu’un seul où téléphoner, un peu plus vieux et excentré, le Nova Inn. Et ça commence bien, son numéro de téléphone ne fonctionne pas. Je me rends donc sur place, et au bonheur, il y a une chambre de libre et Ouna est la bienvenue.

Avant de nous installer, nous repartons dans le centre-ville d’Inuvik pour découvrir un peu plus, mais je réalise rapidement qu’il n’y a pas grand-chose à voir, et surtout qu’il fait vraiment chaud. Ouna halète, je transpire, il est temps d’échapper à tout cela.

Chemin Mackenzie au centre-ville d’Inuvik – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau
L’église Notre-Dame de la Victoire, souvent appelée l’église Igloo – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Nous rejoignons le Nova Inn, certes un peu vieux, mais propre. Ouna se vautre de tout son long dès que je la libère de sa laisse, puis moi, je file prendre une bonne douche. J’en profite ensuite pour lire un peu les nouvelles. J’apprends que la North Klondike Highway est fermée entre Pelly Crossing et Stewart Crossing à cause d’un feu de forêt, puis près de la route Horse Creek à cause d’une inondation. D’ici au 19 juillet, ça a le temps de s’améliorer ou de s’aggraver, je verrai cela en temps voulu donc. L’Alaska Highway a, quant à elle, été fermée dû à un glissement de terrain. La circulation a repris alternativement sur une voie, je devrais donc être correcte pour quitter le Yukon le 25 juillet, ouf !

Le repos de la guerrière. © Kelly Tabuteau

Soirée détente et repos avant la grosse journée de route qui nous attend demain.

Jour 7 (7 juillet 2022) : sur la Dempster Highway

Je quitte le Noa Inn un peu avant 8 h, avec une première pause au parc Jak où il y a une tour d’observation. Le ciel est tellement voilé cependant que la vue ne donne rien, et, pour changer, nous nous faisons bouffer par les moustiques. L’arrêt est donc de courte durée.

Nous reprenons la route pour une journée entière de conduite. Je ne roule pas très vite, non pas en raison de la route de graviers, mais pour m’imprégner des paysages que je traverse. Je suis tellement mauvaise pour les décrire, même les photos ne leur rendent pas justice. Je vous le dis, il faut parcourir la Dempster Highway pour vraiment comprendre ce que je vis.

Traversier MV Louis Cardinal – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau
Dempster Highway – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Je m’arrête de nouveau à Fort McPherson, mais cette fois-ci pour visiter un peu. C’est l’occasion pour Ouna et moi de nous dégourdir les jambes. Je fais notamment une pause au cimetière dans lequel se trouve la tombe de l’inspecteur Francis Fitzgerald de la « patrouille perdue ».

Ouna se fait piquer sur le ventre, non pas par des moustiques, mais par des mouches noires, si bien que nous écourtons la balade et reprenons la route.

L’arrêt suivant sera à la frontière des Territoires du Nord-Ouest avec le Yukon, puis quelque part sur la Dempster pour récupérer mes chaussures, puis au cercle Arctique pour le déjeuner, et enfin Eagle Plains pour se ravitailler en essence et à nouveau marcher un peu (bon, on fait le tour du motel, pas très sexy comme balade, mais cela permet à Ouna de se soulager).

Trois jours plus tard, mes chaussures m’attendent sagement. © Kelly Tabuteau
Sur ses temps libres, Ouna course les corbeaux pour se dégourdir les jambes. © Kelly Tabuteau
Eagle Plains – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau
J’imagine que la vue doit être belle sans la fumée… – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Puis on roule, on roule, on roule. Je sens la fatigue venir et décide de m’arrêter à la première aire de repos (comprendre deux toilettes sèches et une poubelle) pour faire une petite sieste. L’avantage d’avoir sa maison avec soi, c’est que j’ai juste à passer à l’arrière pour m’allonger. Je m’endors vite et après trente minutes, je suis prête à reprendre la route.

Je tente un arrêt au camping du ruisseau Engineer, mais à peine sorties de l’auto qu’un nuage de moustiques s’abat sur nous. Je continue donc jusqu’à trouver un bon endroit pour dormir, ce qui n’est pas si facile, puisque tous sont envahis d’insectes.

Le ruisseau Engineer doit sa couleur à des dépôts d’oxyde de fer – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Finalement, je trouve un superbe spot, juste au départ de la randonnée que je souhaite faire le lendemain. Il est 19 h, j’ai conduit pendant près de 11 heures, pour ne parcourir que six cents kilomètres. Ce soir, je n’ai pas faim, alors c’est lecture (Noa de Marc Levy – décevant !) avant d’aller se coucher.

« Il n’y a pas de chemins par ces contrées ; que des marais parsemés de lacs entourés de toundras, entrecroisés de rivières froides, où chaque pas lève une nuée de bestioles prêtes à te dévorer », Yves Lafond, Le boutte de la route : Chroniques en dix-huit roues

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