Je vous avais déjà confié dans un article précédent que Fish Lake était l’une de mes randonnées préférées. Proche du centre-ville de Whitehorse, elle offre des vues magnifiques sur plusieurs lacs et sur encore plus de montagnes. Mais ce que j’aime vraiment c’est que l’aventure commence bien avant la randonnée. Rien que le trajet en voiture pour se rendre au départ du sentier vaut le déplacement. Bref, c’est un endroit que j’adore et c’est ici que nous avions décidé, avec trois amis, de tester notre premier camping hivernal. Ce choix était loin d’être anodin, il était même plutôt stratégique ! Le campement ne serait pas trop loin des voitures nous permettant de plier bagages à tout moment si besoin.
Samedi 29 février 2020, 10 h 35, nous nous élançons sur le sentier bien tapé menant à la crête surplombant Fish Lake. Ce matin, il ne fait que -17°C, le ciel est d’un bleu profond et, chose presque rarissime pour le lieu, il n’y a pas un pète de vent. Raquettes au pied, nous avançons à bonne allure malgré nos lourds sacs à dos. Je ne sais pas combien pèse celui des autres mais le mien avoisine les 23 kilos ! Je sens le poids sur mes épaules, mes hanches, … même mes fessiers travaillent différemment pour contrer ce changement de centre de gravité. Intérieurement, une douce comptine guide mes pas : juste trois kilomètres à gravir pour déposer ton fardeau, tu peux le faire ! Rapidement, notre groupe se divise : Julien et moi prenons la tête alors que Marie-Claude et William ferment la marche. Le sentier monte graduellement, zigzaguant dans une forêt de peupliers, trembles et épinettes, qui laissent peu à peu leur place à des sapins subalpins.

Même si la pente n’est pas très raide, l’effort nous donne chaud si bien que nous sommes obligés de nous arrêter pour enlever quelques couches de vêtements. Bientôt, nous atteignons la limite des arbres et la vue se dégage. Comme d’habitude, je suis sous le charme de l’endroit : devant nous, les branchages bordant le chemin sont recouverts d’une neige duveteuse qui ressemblerait presque à du coton ; derrière nous, le lac gelé avec ses pêcheurs, ses motoneiges et ses traîneaux à chiens.
Le soleil nous réchauffe alors que nous parcourons les derniers mètres nous séparant de la crête. C’est ici que nous nous octroyons une première pause avec Julien. Bientôt, Marie-Claude et William nous rejoignent et nous pouvons nous mettre à la recherche d’un emplacement pour les tentes. Nous repérons une petite combe qui semble offrir un bel abri si jamais le vent se lève. C’est donc ici que nous décidons d’établir notre campement. Nous tassons d’abord le sol avec nos raquettes puis montons chacun notre tente. Notre spot semble parfait et la vue est simplement magique.


Il est déjà 14 h. William prévoit de rester au camp alors que Julien, Marie-Claude et moi choisissons d’explorer les alentours, maintenant que nous sommes délestés de notre charge. Nous voilà donc partis vers les lacs de la Bonneville avec comme objectif un sommet lointain. Bien vite cependant, nous déchantons. La neige est plus profonde que ce que nous avions anticipé et l’évolution se fait beaucoup plus lentement que prévu, surtout quand nous nous enfonçons jusque mi-cuisse. Nous mettons en place un roulement pour faire la trace et avançons tant bien que mal. Le fameux sommet lointain ne semble pas se rapprocher pour un sou.

Un sentiment de découragement point le bout de son nez. Qu’à cela ne tienne, nous n’atteindrons pas notre objectif mais nous pouvons toujours continuer un peu afin de prendre plus de hauteur. En s’élevant, nos perspectives changent et le tableau qui se dessine sous nos yeux nous laisse sans voix. À chaque petite « colline » que nous atteignons, je m’entends dire encore une. Malgré la fatigue, j’ai envie de poursuivre me disant que le retour sera plus facile car la trace est déjà faite. Après un peu plus de 4 kilomètres cependant, nous nous avouons vaincus. Nous sommes arrivés à un joli point de vue et nous sommes satisfaits de notre balade. Le vent se lève et les rafales soulèvent la neige légère qui vient nous fouetter le visage. Il est presque 16 h, il est de toute façon temps de retourner au campement.
Comme prévu, le retour se fait beaucoup plus rapidement et nous retrouvons William qui a tout préparé pour passer une belle soirée au coin d’un feu de camp. C’était cependant sans compter sur le vent… Nous réalisons alors que notre spot n’est pas du tout à l’abri des fortes rafales et nous sommes vite frigorifiés après les efforts de la journée. Nous nous refugions dans la tente de Julien pour la soirée et à 20 h 30, tout le monde regagne son propre lit.

Les bourrasques ne se sont pas calmées et je vois ma tente tanguer sous les à-coups. Je m’enfouis à la hâte dans mon sac de couchage : toute emmitouflée, il n’y a que mon nez qui dépasse ! Je tombe rapidement dans un demi-sommeil… et en sors tout aussi brusquement quand je sens de la neige sur mon nez. Étrange ! Je me débats avec mon duvet pour sortir ma tête et réalise que ma tente est presque couchée sous l’effet des coups de vent, mais surtout que je suis recouverte par une fine couche de neige, celle qui s’est immiscée via la moustiquaire de ma tente trois saisons. Il est 22 h 45, je crains que les arceaux cèdent sous la puissance des rafales. Deux options s’offrent alors à moi : rejoindre Julien dans sa tente ou rentrer à la voiture. Je m’extirpe de mon refuge et vais parler avec les autres puisqu’aucun ne dort. Mais notre décision s’impose par elle-même : dès que j’ai replié ma tente, c’est celle de Julien qui se met à vaciller dangereusement sous les assauts du vent. Nous choisissons donc de retourner aux voitures… à 23 h 30, en pleine nuit ! Ranger notre matériel n’est pas facile dans de telles conditions mais nous nous en sortons tant bien que mal. Il est près de minuit quand nous nous nous mettons en marche vers le parking.
Arrivés sur la crête cependant, nous avons du mal à nous orienter et à retrouver le sentier tassé. D’accord, il fait nuit mais cela est loin d’être notre plus grande difficulté. La neige, volant en tous sens autour de nous, obstrue l’horizon. William déterre son portable et vérifie notre position sur Google Maps. Nous ne sommes pourtant pas loin mais nous galérons un peu, nous obligeant à faire de nouveau la trace mais cette fois-ci avec nos lourds sacs à dos. Après un bon quart d’heure, nous rejoignons enfin le chemin. D’ici, il nous reste 2 kilomètres de descente facile, sur un sol compact, à parcourir avant de parvenir aux voitures où nous nous souhaiterons une bonne nuit.

« La montagne nous offre le décor … A nous d’inventer l’histoire qui va avec ! »,
Nicolas Helmbacher, parapentiste savoyard.
Quel courage. Bravo, même si la nuit a été mouvementée.
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C’était vraiment chouette ! C’est ainsi qu’on apprend de nos erreurs 😉
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Quelle aventure ! 😊
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Tu nous as manqué 😉 Vivement que la crise sanitaire soit finie pour se prévoir d’autres weekends camping !
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