Dans cet article :
- Jour 0 : Arrivée à Belle-Île-en-Mer et installation
- Jour 1 : Le Palais > La Pointe des Poulains
- Jour 2 : La Pointe des Poulains > Port Coton
- Jour 3 : Port Coton > Plage de Baluden
- Jour 4 : Plage de Baluden > Locmaria
- Jour 5 : Locmaria > Le Palais
- Le tour de Belle-Île-en-Mer : infos pratiques

Septembre 2019, ma tante Christine partage sur Facebook un article sur le GR340 (le tour de Belle-Île à pied) songeant à vivre cette expérience pour ses 60 ans et recherchant des femmes d’aventures pour l’accompagner. Davantage attirée par les paysages montagneux que côtiers, j’hésite, mais voilà que l’engouement prend et qu’une équipe de quatre femmes se montent : ma tante donc, ma maman, une amie de la famille et moi. Pour une première expérience de la sorte pour ma tante et ma maman, nous décidons de monter le projet en étoile, et non en itinérance. Nous poserons nos valises dans un camping et rallierons nos points de départ en transports en commun. Tout est ficelé pour juillet 2020 ! Oui, mais voilà, une pandémie mondiale m’empêche de rentrer en France cet été-là, le projet est donc annulé.
Annulé, annulé, c’est vite dit… Il était quand même resté dans un coin de ma tête. J’avais bien envie de découvrir autre chose que la montagne et je ne voyais pas d’autres plus beaux endroits que les côtes bretonnes pour commencer. Alors, quand j’ai pris la décision de rentrer plusieurs mois en France dès le printemps 2023, j’ai eu envie de concrétiser cette aventure, mais seulement avec ma maman (mon papa gardant Opale à la maison). Pour partager quelque chose que toutes les deux, mais surtout pour nous retrouver dans un contexte un peu différent de mes retours express du Yukon.
Pour cette aventure, et donc la première de ce genre pour ma maman, nous avons repris le principe de l’étoile.
Jour 0 : Arrivée à Belle-Île-en-Mer et installation
Il nous faut un peu moins de 5 h de route pour rejoindre Quiberon depuis l’Île d’Oléron. Afin de palier tout imprévu sur la route, nous partons relativement de bonne heure, ce qui nous permet, une fois arrivées à Quiberon, de déjeuner en terrasse avant de prendre le traversier. J’appréhende quelque peu cette partie de l’aventure, moi qui ai le mal de mer, si bien que dès que nous embarquons, je repère où sont placés les sacs prévus pour ce genre de situation. La manœuvre dans le port se passe bien, mais quand nous rejoignons la pleine mer, ça se met à tanguer… Je vais chercher un sac et trouve un emplacement dehors où je peux respirer de l’air frais. Les yeux fermés, je ne profite pas vraiment du paysage, tellement concentrée à conserver mon bon repas dans l’estomac. Le trajet me paraît long, mais il ne dure en réalité qu’une cinquantaine de minutes…
Une fois débarquées, maman et moi prenons la direction du camping — nous y avions réservé un mobil-home pour la semaine —, à un peu plus d’un kilomètre du port. D’un côté, des bâtiments en pierre, de l’autre un petit chenal où les bateaux tanguent gentiment, surplombés par la Citadelle de l’île.




Nous prenons nos quartiers dans le mobil-home. Sommaire, il est néanmoins suffisant pour nos besoins puisque nous serons en vadrouille une bonne partie des journées. Ne nous reste plus qu’à faire le plein de nourriture pour être fin prêtes pour le lendemain. Nous reprenons donc nos jambes pour nous ravitailler au Super U. De retour au camping, nous finissons de nous installer et préparons notre première journée de randonnée.

Jour 1 : Le Palais > La Pointe des Poulains
📅 16 avril 2023
🥾 21,15 km / 740 m D+ / 754 m D-
Pour cette première étape, la plus longue du tour de Belle-Île-en-Mer, nous partons directement du camping aux alentours de 8 h 30. Le ciel est déjà bleu et annonce une belle journée !
À peine parties, je réalise que nous avons oublié les bâtons de marche de maman au mobil-home. J’amorce un demi-tour, mais maman m’affirme que ce n’est pas grave, que ça ira, alors nous continuons direction la Citadelle.





De là, nous longerons la côte de Belle-Île jusqu’à son extrémité nord. Le chemin n’est pas difficile techniquement, mais ne fait que monter puis descendre si bien qu’il est difficile de conserver un rythme constant. Nous avançons d’un bon pas, même si maman a le pied légèrement incertain dans certaines descentes.
















Nous passons le Pointe de Taillefer, puis de nombreuses criques s’enchaînent les unes après les autres. Après deux heures de marche, nous faisons une petite pause collation, puis repartons de plus belle vers le Port de Sauzon, notre objectif pour le déjeuner.


Nous prenons le temps de faire une vraie pause, sur le port de Sauzon où nous déjeunons en terrasse, avant de repartir pour notre dernière heure et demie de la journée.





L’arrivée sur la Pointe des Poulains est magique. Ce phare, dressé au milieu de nulle part, entouré de rochers noirs où viennent se briser les vagues, est obnubilant.





Nous avons encore quelques minutes avant que le bus n’arrive, alors nous nous arrêtons à la Maison du littoral, ce qui nous permet d’en apprendre davantage sur les oiseaux observés aujourd’hui, entre autres le cormoran huppé, le crave à bec rouge et le goéland brun.
Le bus nous dépose à la gare routière du Palais. De là, il nous faut marcher encore une quinzaine de minutes pour rejoindre le camping, avec en prime une petite côte en forêt… C’était une bien belle première journée, qui se termine avec un « Demain, il faudra penser aux bâtons » de maman.
Jour 2 : La Pointe des Poulains > Port Coton
📅 17 avril 2023
🥾 19,20 km / 406 m D+ / 389 m D-
Pour cette deuxième journée (et celles qui suivront), nos heures de départ sont dictées par les horaires des bus. Les premiers sont tous à 9 h. Nous décidons d’être à la gare routière vers 8 h 45 afin d’être certaines d’avoir une place. Quand nous arrivons, c’est un peu la cohue ! Des gens partout, et clairement, pas assez de bus. La compagnie est un peu dépassée par la foule, mais est très réactive et dépêche des minibus supplémentaires pour mener tout le monde à bon port. Maman et moi nous retrouvons dans un bus direct pour la Pointe des Poulains, c’est parfait !
Une fois sorties du bus, nous recommençons donc d’où nous nous sommes arrêtées la veille. Nous passons du côté « océan » de l’île et nous observons tout de suite un changement dans le paysage, dans l’atmosphère : c’est beaucoup plus sauvage ! Ce début d’étape est légèrement en retrait de la côte : sans être dans les terres non plus, nous évoluons sur un large plateau, qui je dois l’admettre est assez monotone. Maman et moi papotons et avançons à bonne allure, puisqu’il n’y a pas trop de dénivelés.











Alors que nous marchons depuis 1 h 45, nous recherchons un endroit où faire notre pause collation, mais aussi notre pause pipi… sans arbre, dans ces grandes étendues, ce n’est pas évident ! Nous repérons un bosquet un peu plus loin et nous constatons que le sentier semble nous y mener. Bingo ! Mais alors que nous continuons à retourner encore et encore vers le centre de l’île, je décide de vérifier sur la carte si nous allons bien dans la bonne direction, car cela semble étrange. Et en effet, nous nous écartons du tracé du GR… nous avons loupé une bifurcation ! Mais au moins, nous avons pu faire notre pause tranquille, à l’écart du sentier et des autres personnes qui randonnent.
Une barre de céréales plus tard, nous voilà reparties, avec le même entrain que le premier jour. Maman apprécie les bâtons de marche, surtout dans les descentes pour assurer son équilibre. Les criques s’enchaînent, les côtes escarpées aussi, jusqu’à la plage de Donnant. En l’espace de trois minutes, je dois répéter une dizaine de fois « Mais que c’est beau ! », car ça l’est ! Après avoir contourné un bout de la plage, nous marchons dans une dune nous menant directement sur la plage : le sable fin nous mène au bleu turquoise de l’océan, face à un ciel sans nuage. Seule l’écume des vagues donne du relief au paysage. C’est magnifique ! Nous décidons de faire la dernière montée qui nous permettra de surplomber cette plage avant de nous installer pour une nouvelle pause collation.








Une vingtaine de minutes plus tard, nous nous remettons en marche jusqu’aux Aiguilles de Port Coton, notre destination du jour.





Nous loupons le bus de peu, si bien que nous devons attendre pas loin d’une heure en plein cagnard. Nous tentons d’occuper le temps comme nous pouvons, mais c’est long et il fait chaud ! De retour au camping, nous déjeunons rapidement, puis je me mets au travail (puisque je ne suis pas en vacances cette semaine…) alors que maman lit.
Jour 3 : Port Coton > Plage de Baluden
📅 18 avril 2023
🥾 14,30 km / 442 m D+ / 423 m D-
Même « galère » à la gare routière ce matin, mais encore une fois, la compagnie est réactive et tout le monde arrive à prendre son bus vers la bonne destination. Pour notre part, nous commençons cette troisième étape aux Aiguilles de Port Coton.
Dès les premiers mètres, je suis sous le charme. Si j’avais adoré les deux premiers jours, celui-ci devient rapidement mon préféré : les paysages sont (très) sauvages et nous pouvons y retrouver certaines similitudes avec les zones alpines, tant dans le relief que dans la présence de fleurs sauvages. Je me régale ! Maman aussi trouve cette étape jolie, mais moins que celle d’hier. Puis aujourd’hui, troisième jour, la fatigue commence à s’accumuler tant physiquement avec les courbatures que mentalement. La fin de l’étape est difficile, d’autant plus que nous devons sortir du tracé du GR et marcher plus d’un kilomètre vers le centre de l’île pour attraper le bus du retour. Ce moment, sur le bitume, nous casse les jambes et nous sommes bien silencieuses.

















Nous arrivons une quinzaine de minutes avant le bus et nous nous posons à l’ombre pour l’attendre. De retour au camping, c’est la même routine : déjeuner toutes les deux, travail pour moi et temps calme/récupération pour maman.

Jour 4 : Plage de Baluden > Locmaria
📅 19 avril 2023
🥾 15,20 km / 522 m D+ / 516 m D-
Ce matin, il y a encore plus de monde à la gare routière. Les chauffeurs de bus paniquent un peu à l’idée de ne pas avoir assez de places pour les personnes qui seraient plus loin sur la ligne. Ils tentent tant bien que mal de répartir la foule dans plusieurs bus pour conserver quelques sièges de libre, si bien que nous partons bien après 9 h. Mais bon, rien ne presse !
Nous commençons la journée avec la partie de bitume que nous avions tant détesté la veille afin de rejoindre la plage de Baluden. Nous longeons toujours les côtes accidentées de Belle-Île-en-Mer. Ça pourrait être répétitif, mais nous ne nous en lassons pas. Chaque crique est différente, chaque avancée se démarque de la précédente : forme des roches, présence de lichens, profondeur de l’eau changeant la couleur de l’océan… La végétation change peu à peu et nous avons la chance de découvrir de grandes étendues de griffes de sorcières (du nom scientifique Carpobrotus edulis, une espèce de plante grasse de la famille des Aizoaceae). Si la majorité des fleurs est fuchsia, nous en découvrons également quelques-unes rose pâle ou même jaune.






















Sur cette fin d’étape, je presse un peu maman pour attraper le bus de 14 h et quelques afin d’avoir le temps de travailler. Fatiguée, elle ne lâche cependant rien et avance d’un bon pas. Pourtant, l’arrivée à Locmaria n’est pas des plus plaisantes avec une longue côte sur du bitume à gravir. Dans le village, nous cherchons l’arrêt de bus et une chance, nous avons une place à l’ombre pour l’attendre. Cinq minutes plus tard, il est là, et nous pouvons retourner au camping pour le reste de l’après-midi.

Jour 5 : Locmaria > Le Palais
📅 20 avril 2023
🥾 19 km, 648 m D+, 675 m D-
Pour cette dernière étape, nous prenons le bus une dernière fois pour rejoindre Locmaria. Sur place, nous devons commencer par la descente sur le bitume avant de rejoindre le sentier côtier. Avec cette étape, nous retournons du côté « continent » de l’île. Avec ce changement, nous remarquons que les paysages sont moins sauvages. C’est beau, oui, mais certainement la journée que nous avons le moins aimé. Était-ce la fatigue ? Était-ce la lassitude de marcher si longtemps sur des chemins côtiers ? Était-ce parce que c’était le dernier jour et la fin de cette aventure qui approchait ? Je ne sais pas, mais nous n’avons pas l’air de prendre autant de plaisir que les jours précédents.











Après avoir quitté Locmaria, nous longeons la magnifique et immense plage des Grands Sables, avant de nous poser pour une pause collation près du Fort Bugull.









De là, c’est la dernière ligne droite jusqu’au Palais. Il nous reste environ neuf kilomètres pour boucler le tour de Belle-Île-en-Mer. Quand nous apercevons enfin la Citadelle, nous ne pouvons réfréner le sourire qui s’installe sur nos visages. Nous ne sommes pas encore arrivées, mais nous y sommes presque !




Une dernière cote, le port du Palais apparaît et nous terminons le GR340, avec beaucoup de fierté : maman d’elle-même, et moi, d’elle, pour sa ténacité dans cette aventure en ayant toujours le sourire et la bonne humeur, même dans les moments les plus difficiles. On me dit souvent que j’ai un mental d’acier, mais après cette aventure, je sais de qui je le tiens ! Merci maman chérie de m’avoir accompagnée dans ce beau projet !

Nous nous récompensons de nos efforts avec une galette bretonne au Palais, puis de retour au mobil-home, je travaille quelques heures avant de commencer à paqueter. Nous reprenons le traversier demain matin, avant de reprendre la route jusqu’à Oléron.
Le tour de Belle-Île-en-Mer : infos pratiques
Nous avons préparé notre voyage grâce aux informations glanées sur le site Internet de l’office de tourisme de Belle-Île-en-Mer. Pour chaque étape, une fiche détaille le parcours. Il est possible d’y télécharger la trace GPX de la journée. Je les avais toutes téléchargées puis importées dans l’application Gaia GPS, au cas où, comme toujours. Cela dit, le balisage est vraiment bien fait et il est difficile de s’égarer si on prête attention. Je me suis servie des traces au moment où nous nous sommes « perdues » le jour 2, mais aussi pour savoir où nous en étions de chaque étape lorsque nous faisions nos pauses collation.
Nous avons utilisé les transports en commun de l’île pour faire ce projet en étoile. Nous avons été très contentes du service et de la réactivité de la compagnie devant le nombre de personnes présentes.
Nous avions réservé un mobil-home au camping de l’Océan. Bien localisé, le mobil-home que nous avions était relativement âgé et peu confortable pour se reposer (que ce soit le canapé ou les chaises pliantes pour la table du séjour). Je me suis installée sur la table de la terrasse pour travailler… À refaire, nous louerions plutôt un chalet.
Pour le traversier, depuis Quiberon, nous avons voyagé avec la compagnie Océane.
En itinérance, le tour se boucle habituellement en quatre jours. En étoile, cela est également possible, mais avec une grosse étape la 3e journée, ce qui me semblait beaucoup pour maman dont c’était la première expérience du genre. Maman marche beaucoup quotidiennement, mais jamais autant de kilomètres par jour sur cinq jours d’affilés, et surtout, jamais avec autant de dénivelés. Cette répartition des étapes m’a aussi permis de dégager du temps pour assurer mes heures de travail en fin de journée.
Quelle belle randonnée mère / fille ! Merci ma Lilly !
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Merci à toi de m’avoir suivie dans ce périple ! ❤
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Ton récit est exquis.
Très généreux et parfaitement documenté.
Les photos donnent aussi envie.
Merci pour ce partage.
Une très belle expérience entre fille et mère.
Bisous
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Merci Willy de ton assiduité 🙂
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Magnifique article 😉 je ne desespère pas de la faire un jour, au pire en « vacances » avec de plus petites randos. Des gros bisous merci pour ces belles images. Bisous à toutes les deux
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