Un week-end au Parc national Jasper

Dans cet article :

Chaînon Wilcox. © Kelly Tabuteau

Jour 36 (27 août 2022) : Le lac Beauvert et le pic The Whistlers

Entre les bruits de train et la pluie, j’ai l’impression de ne pas avoir fermé l’œil de la nuit… J’avais prévu une randonnée très difficile aujourd’hui que je décide d’annuler car il bruine toujours ce matin. Comme souvent quand il pleut, je suis d’humeur maussade. Pourtant, je ne peux pas vraiment me plaindre… Niveau météo, j’ai été plutôt chanceuse jusqu’à présent.

Je ne sais trop quoi faire sous cette météo… Une chose est certaine cependant : Ouna a besoin de marcher. J’avais repéré une boucle autour du lac Beauvert et me dirige donc vers là. Je ne sais pas ce que mon GPS me fait faire mais je termine au Fairmont Jasper Park Lodge, un endroit assez huppé – le genre où on arrose l’herbe même quand il pleut –, avec mini chalet et spa. Je ne sais pas trop où j’ai le droit de me stationner, alors je tente un endroit qui semble correct et sors avec Ouna à la recherche du sentier. Je me sens comme une pouilleuse dans ce lieu, même si je porte des vêtements propres de ce matin… Je suis en mode randonneuse dans un lieu si chic…. Je ne me sens vraiment pas à ma place, surtout que je ne trouve pas ce maudit sentier !

Après plusieurs détours, je finis par dénicher le chemin et Ouna et moi pouvons enfin marcher pour de vrai, seules autour du lac, sous les gouttes. La météo donne néanmoins un charme certain au lieu. La pluie cesse, pile quand nous terminons notre marche. Il est à peine 10 h et d’autres aventures nous attendent aujourd’hui.

Nous prenons un temps calme dans Lyna, histoire que je puisse programmer le prochain article de blogue, puis nous nous dirigeons vers le sentier The Whistlers. La montagne est aussi accessible par téléphérique mais le coût me décourage (60 $ pour moi, 6 $ pour Ouna), si bien que nous décidons de randonner. Le chemin serpente en lacets dans la forêt, nous laissant de temps à autre deviner la ville de Jasper et les sommets qui l’entourent. Ça monte constamment mais sans être trop raide, si bien que nous avons bonne allure.

Nous sommes ralenties lorsque nous arrivons à un pierrier géant. Je détache Ouna pour que nous puissions toutes les deux avancer en sécurité et nous gagnons du terrain, un bloc rocheux après l’autre. De retour dans la forêt, je rattache Ouna et nous continuons notre ascension. Certains nuages collent aux pics alentours alors que d’autres disparaissent tranquillement. Ça promet une belle vue en haut !

© Kelly Tabuteau
© Kelly Tabuteau

En un peu plus de deux heures, nous rejoignons l’arrivée du téléphérique et nous devons marcher encore quelques kilomètres pour atteindre le « vrai » sommet. Il y a un peu plus de monde ici (jusqu’à présent, j’avais doublé un couple et croisé une famille qui descendait), et j’essaie d’avancer vite, malgré la fatigue, afin d’échapper à la foule. Je progresse tellement vite que je suis seule une fois arrivée à la fin du sentier. Encore une fois, j’en prends plein les yeux, et ce peu importe la direction dans laquelle je regarde !

© Kelly Tabuteau
© Kelly Tabuteau

Doucement, nous nous dirigeons vers le Skytram que nous emprunterons à la descente (moitié prix pour moi, gratuit pour Ouna). Je fais quelques détours sur des sentiers secondaires et découvre de nouvelles perspectives plus belles les unes que les autres. Après 3 h 50 de marche, près de 10 kilomètres et 1 269 mètres de dénivelés positifs, nous attendons le téléphérique.

© Kelly Tabuteau

Nous embarquons et Ouna devient la mascotte des deux enfants présents. Elle n’est cependant pas rassurée quand la cabine se met en mouvement. La queue entre les jambes, elle me regarde avec ses yeux tristes. J’essaye de la réconforter, même si moi non plus, je n’en mène pas large (qui ne connaissait pas mon aversion pour les téléphériques ?). Je regarde Ouna pour ne pas perdre pieds. Elle, caressée par les deux enfants, prend confiance et finit par s’allonger dans sa posture de princesse/Sphinx.

Une fois descendues de la cabine, nous devons marcher une vingtaine de minutes sur le bord de la route pour rejoindre Lyna. Fatiguées, nous nous asseyons sur le parking avant de nous diriger vers un camping, avec douche si possible. Car si nous nous rinçons tous les jours dans un lac ou une rivière, notre dernière vraie douche remonte déjà à trois jours.

Je m’arrête au camping Whistlers qui est complet. La dame m’annonce cependant qu’il reste un emplacement au camping Wapiti et je saute sur l’occasion. Enfin installée, je nourris Ouna, puis fais mon plein d’eau et vais me doucher. Je dîne rapidement, puis vais me coucher de bonne heure car une grosse journée randonnée nous attend demain.

Jour 37 (28 août 2022) : Edith Cavell et Wilcox Ridge

Il fait encore bien nuit quand je me réveille. Après une petite marche dans le camping avec Ouna, je remballe tout et me dirige vers l’étang Cavell et le glacier Angel pour une randonnée qui s’annonce épique : East Ridge Summit via Edith Cavell Meadows.

Malheureusement, les chiens sont interdits sur ce sentier, ce qui a crée une bataille intérieure ces derniers jours, car c’est une randonnée que j’ai envie de faire depuis près de quatre ans, mais je culpabilise de la faire sans Ouna. Aux vues des données AllTrails, j’estime la durée de la sortie à quatre heures de marche. Je décide alors de me lancer seule, tentant de me déculpabiliser (si je devais travailler, si je visitais un musée…). Ce matin-là, il fait 2°C, je ne suis donc pas inquiète de la chaleur dans la voiture pour Ouna.

Je quitte donc le camping un peu avant 7 h pour rejoindre le point de départ de la randonnée. La route Cavell est étroite et sinueuse, si bien que je suis contente d’être seule sur la route en cette heure matinale. Après 14 kilomètres, j’arrive à un parking vide. J’attrape mon sac de randonnée, dis au revoir à Ouna avec un petit pincement au cœur et me mets en marche.

J’emprunte le sentier qui mène au point de vue principal de l’étang pendant 500 mètres avant d’obliquer sur la gauche sur le chemin des Prés-Cavell. Je double rapidement un autre randonneur solo alors que nous traversons une moraine où de nombreux picas courent de roche en roche.

Pica. © Kelly Tabuteau

Puis, je m’enfonce dans une forêt subalpine qui dégage une odeur enivrante. De temps en temps, la végétation s’éclaircit me laissant deviner l’étang. Il est magnifique avec sa couleur bleu turquoise si intense et ses quelques icebergs qui jonchent sa surface. Dominé par les glaciers Cavell et Angel, le lieu est tellement photogénique !

© Kelly Tabuteau

Je quitte la forêt pour me retrouver dans une prairie alpine. Il est déjà tard dans la saison et la majorité des fleurs sont fanées. Je n’ose imaginer les mille et une couleurs qui doivent recouvrir ce sol un peu plus tôt dans l’été. Je regarde par-dessus mon épaule et je reste pantoise devant le panorama qui s’offre à moi. Quelle splendeur !

Il reste quand même quelques fleurs. © Kelly Tabuteau

La pente s’accentue alors que la végétation se raréfie et que le sol devient plus aride. J’attends un plateau qui marque la fin du sentier de Parcs Canada, mais je continue pour atteindre le sommet de la crête Est. La dernière ligne droite est à pic, dans un éboulis de petites roches. Je m’accroche, les bâtons m’aident à venir à bout des derniers mètres, et j’atteins le sommet, non sans une certaine satisfaction. Encore une fois, j’ai une vue à 360° et malgré les nuages bas et une luminosité médiocre, je suis ébahie. C’est quand je fais ce type de randonnées que j’ai envie de pousser mes connaissances en alpinisme, pour pouvoir aller encore plus haut et plus loin, mais avant cela, je dois déjà travailler sur ma peur du vide.

Je redescends par le même chemin, en faisant un petit détour vers un autre point de vue, et je me remercie d’avoir commencé la journée de bonne heure. Au moins, j’avais eu le sommet pour moi toute seule, ce qui ne sera pas le cas des nombreuses personnes qui commencent seulement l’ascension. Le lieu est bondé à présent et je me dépêche pour retrouver Ouna au plus vite.

Avant de retourner à la voiture cependant, je vais jusqu’au point de vue vers l’étang Cavell, et même s’il y a beaucoup de monde, je profite du lieu tellement il est grandiose.

3 h 59 après avoir quitté Ouna, je la retrouve, tranquillement allongée dans sa cage. Je lui fais plein de câlins. Nous marchons quelques minutes dans le parking pour qu’elle fasse ses besoins, puis nous reprenons la route sur la Promenade des glaciers, cette majestueuse route de 230 kilomètres qui relie le Parc national Jasper au lac Louise. Nous sommes en plein cœur des Rocheuses, au pied des montagnes, et il faudrait certainement un mois complet pour aller explorer tous les endroits « officiels » de Parcs Canada, alors ne parlons même pas des sentiers non officiels !

Nous nous étions arrêtés dans beaucoup de lieux touristiques avec mon ex-Fisherman il y a quatre ans, alors je passe ma route rapidement. Je décide néanmoins de refaire la randonnée du chaînon Wilcox, avec Ouna, puisque nous ne nous étions pas rendus jusqu’au bout en 2018.

Le sentier est facile et monte graduellement, mais je dois admettre que je suis un peu fatiguée après la randonnée du matin. Ouna, elle, est contente et excitée d’être dehors avec moi. Dès la sortie de la forêt, nous avons une vue imprenable sur le glacier Athabasca, le mont Andromeda, le mont Athabasca, le mont Kitchener et le Snow Dome recouvert de glace. Au loin, nous apercevons même des mouflons canadiens, le rêve !

© Kelly Tabuteau

Arrivées au col, nous bifurquons sur la crête et après plusieurs ups and downs, nous arrivons face à un splendide panorama. Le glacier Little A et deux autres glaciers sans nom accrochés aux pentes du mont Andromeda se joignent aux sommets que nous voyions depuis un certain temps.

© Kelly Tabuteau

J’arrive peu de temps avant une famille de huit. Je ne peux profiter de la vue sereinement, mais je suis en admiration : certains des enfants sont relativement jeunes et ont réussi à se rendre jusqu’ici. J’entends le père leur dire à quel point il est fier d’eux. Je ne les connais pas, mais je le suis aussi. La mère de famille me demande de prendre une photo de tous les huit, ce que j’accepte sans hésiter. En échange, elle prend une photo d’Ouna et moi devant les glaciers.

Après une petite collation, nous retournons tranquillement vers Lyna, non sans nous arrêter à nouveau pour observer les mouflons canadiens qui paissent paisiblement, tout en observant Ouna de loin.

De retour à la voiture, nous continuons notre route sur la Promenade des glaciers et entrons dans le Parc national Banff. Nous nous arrêtons au camping Mosquito pour la nuit. Je devais initialement aller passer quelques jours sur les rives du lac Abraham, mais je ne suis pas certaine d’y avoir du réseau pour travailler, alors je change les plans.

Le camping a des toilettes sèches et de l’eau potable, le strict minimum du confort, mais tout ce dont j’ai besoin. Je vais me rincer à la rivière, puis entame la routine du soir.

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