Détour par la Robert Campbell Highway et la South Canol Road

Dans cet article :

South Canol Road – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Jour 15 (15 juillet 2022) : Des kilomètres jusqu’à Little Salmon Lake

Après une courte marche dans Dawson et une tentative d’appel de papa et maman (mauvaise connexion…), je quitte la ville de la ruée vers l’or vers 9 h 30, direction Faro. Il y a beaucoup de travaux jusqu’à Stewart Crossing, si bien que je mets un temps fou à atteindre Carmarcks, 355 kilomètres en cinq heures.

Je suis fatiguée de la route, mais je décide de continuer jusqu’au premier camping que je croise. Je fais le plein de la voiture avant de m’engager sur la Robert Campbell Highway, une route reliant Carmacks à Watson Lake, en moins de six cents kilomètres, et desservant Faro et Ross River.

Finalement, je passe le premier camping (Frenchman Lake) pour me poser à celui du lac Little Salmon. Il n’y a personne ! Le lac est magnifique, tellement d’ailleurs, que je décide de sortir la paddle. Que c’est apaisant d’être sur l’eau ! Un peu stressant aussi quand Ouna bouge trop…

Little Salmon Lake – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Puis je prends enfin le temps de défaire mon sac de randonnée itinérante en rangeant chaque chose à sa place. J’en profite pour faire un brin de ménage dans Rocky. J’ai l’impression d’avoir une nouvelle maison !

On est pas mal bien installée là… – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Le temps se gâte, la pluie arrive, Ouna et moi nous refugions dans la voiture pour une soirée calme.

Jour 16 (16 juillet 2022) : Moustiques et boue à Faro

Réveil de bonne heure (7 h 30), faut dire que je m’étais presqu’endormie avec les poules la veille, et alors que je m’apprête à faire mon petit-déjeuner, je suis envahie de moustiques… Ouna aussi d’ailleurs. Nous déguerpissons en vitesse de là. Ce matin, ce sera barre de céréales – banane en guise de repas. L’avantage de partir de bonne heure, c’est que nous avons peut-être une chance de voir de la faune sur la route. Cela ne manque pas, une vingtaine de minutes après notre départ, deux beaux grizzlis traversent devant nous. Pas le temps de sortir l’appareil photo, il n’y aura que mes yeux pour contempler ce moment.

Nous arrivons à Faro aux alentours de 9 h 30 et faisons une courte halte au centre des visiteurs, un très beau bâtiment, avec plein d’information sur la région.

Nous nous dirigeons ensuite vers le départ de la randonnée du mont Mye, accessible depuis Moose Trail. Là comme partout ailleurs, il y a beaucoup de moustiques, mais je m’accroche et avance sur une route de quatre roues. Après deux kilomètres cependant, j’abandonne après m’être enfoncée jusqu’au genou dans une espèce de sable mouvant et après avoir passé maintes et maintes zones marécageuses. C’est dommage, car ça avait l’air beau… Je reviendrai à une autre période, peut-être en ski de randonnée nordique ?

Il y a d’autres sentiers de marche près de Faro, nous nous rendons aux chutes Van Gorder puis parcourons une partie du sentier Bear.

Ouna et moi squattons ensuite le centre des visiteurs, elle pour une sieste à l’abri des moustiques, moi, pour rattraper mon retard d’écriture.

À 16 h 30, nous reprenons la route vers Ross River que nous atteignons beaucoup plus rapidement que je ne le pensais. Il faut dire que la communauté n’est qu’à une soixantaine de kilomètres de Faro. Il est encore de bonne heure, et bien que j’envisageais de passer la nuit au camping territorial Lapie Canyon, je décide de continuer dès ce soir vers la South Canol Road. Mais avant cela, je repère un sentier de « randonnée » à l’entrée du camping, menant, j’imagine, à de beaux points de vue sur le canyon.

Ni une ni deux, nous voilà en marche, tentant d’aller plus vite que les moustiques… C’est peine perdue ! Nous continuons néanmoins. Le chemin, un aller-retour d’un kilomètre et demi, se fait majoritairement dans la forêt, avec quelques trous dans la végétation pour observer le canyon. Il est assez impressionnant. Dire que certaines personnes le descendent en canoë… je ne suis pas rendue là dans ma pratique de cette discipline !

Le canyon est vraiment beau – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Nous remontons ensuite dans la voiture et nous attaquons le début de la South Canol Road. Dès les premiers mètres, je comprends pourquoi la route est classifiée de difficile. Le revêtement, bien qu’en graviers, est en bon état, mais l’étroitesse de la chaussée et la végétation dense restreignent la visibilité. Rocky prend quasiment toute la place, y’a intérêt à ce que personne n’arrive à tout berzingue en face…

South Canol Road – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau
South Canol Road – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

J’avais récupéré le dépliant touristique sur la région quand j’étais à Dawson. Le premier arrêt se fait près d’un pont, après seulement quelques kilomètres. Une petite marche est censée mener à un point de vue sur la rivière Lapie. Je repère un panneau et un ancien chemin de quad. Je pense donc avoir trouvé le départ de la petite marche. C’était en fait un piège à moustiques, dans une végétation si dense sur les côtés que je ne voyais rien de la rivière. Après vingt minutes et beaucoup plus de piqûres, je fais demi-tour, impatiente d’échapper aux insectes.

Ça avait pourtant l’air prometteur… South Canol Road – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

De nouveau en voiture, je fais un court arrêt après le pont pour prendre quelques photos de la rivière. L’eau turquoise s’écoule à une vitesse folle entre des parois rocheuses aux nuances de brun saisissantes.

À peine cinq minutes plus tard, je trouve notre emplacement pour la nuit, avec une superbe vue. En hauteur, dans le vent, il y a un peu moins de moustiques et c’est bien agréable. Il est 19 h 15 et nous entamons notre routine du soir.

Notre vue pour ce soir, South Canol Road – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Jour 17 (17 juillet 2022) : Sur la South Canol Road

Debout un peu avant 8 h, je profite d’une accalmie de moustiques pour prendre mon temps. Alors qu’Ouna explore à droite et à gauche attendant son petit déjeuner, j’installe le coin cuisine dans un endroit épique. Au menu ce matin : gruau et thé vert à la menthe. Attirée par l’odeur de mon repas, Ouna revient vers moi, impatiente de recevoir sa gamelle.

Cuisine avec vue sur la South Canol Road – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Une fois tout remballé, nous continuons notre exploration de la South Canol Road. J’avais prévu de parcourir les 230 kilomètres de cette ancienne route militaire en deux jours, mais la météo est capricieuse : les nuages collent aux sommets des montagnes, il fait frais (7°C), et la pluie s’invite par moment à notre road-trip. Il se peut donc que je rejoigne Whitehorse en fin de journée.

À peine partie, je m’arrête à nouveau, subjuguée par les vues sur la rivière Lapie. Les nuages ont beau être bas, la luminosité est parfaite : elle fait ressortir le turquoise de l’eau et le vert de la végétation. Le contraste est sensationnel. Je fais donc de nombreuses pauses photo avant d’atteindre le lac Lapie. J’avais pensé sortir la paddle, mais c’était sans compter sur les rafales de vent qui agitent cette grande étendue liquide. Je continue donc et surprend un loup en plein milieu de la route qui se carapate dans les fourrées. Rencontre courte, mais magique (au cas où vous ne le saviez pas, le loup est mon animal préféré).

Je roule encore quelques minutes jusqu’au lac Rose, où, cette fois-ci, c’est une averse qui me retient de pagayer. Je sens que la journée va être consacrée à la conduite…

Lac Rose, South Canol Road – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Après cette cinquantaine de kilomètres, la route est un peu plus monotone. La végétation reprend le dessus sur les côtés de la chaussé, me privant de la moindre vue. Les quelques nids-de-poule me contraignent à rouler à 40-50 km/h. Sans eux, je fais parfois des pointes à 60 km/h… youhou !

South Canol Road – Juillet 2022. © Kelly Tabuteau

Rocky avance, doucement mais sûrement, jusqu’au lac Quiet, pas plus calme que les lacs précédents. Ouna et moi en profitons néanmoins pour nous dégourdir les pattes, guidées par le son des vagues qui viennent se briser sur la rive. De l’autre côté du lac, les épilobes redonnent de la couleur à une forêt ravagée par un feu de forêt quelques années auparavant.

Les derniers kilomètres n’en terminent plus, je commence à fatiguer, mais je sais que la fin approche. Après une dernière côte, la végétation rapetisse et ouvre de nouveau les vues sur de belles vallées verdoyantes.

J’aurai parcouru les 230 kilomètres de la South Canol Road en 6 h 05. Ouna et moi sommes ravies de retrouver une route goudronnée où Rocky peut se lâcher un peu. Je cale le régulateur de vitesse sur 100 km/h et me laisse guider jusqu’à Whitehorse.

Je profite de mon retour à la civilisation pour commencer quelques démarches administratives, notamment changer mon forfait téléphonique pour avoir des données cellulaires illimitées, ainsi que pour donner un bain à Rocky. C’est fou la quantité de poussière accumulée après ces premiers jours de road-trip sur des routes de terre.

Ouna et moi évacuons cette longue journée de voiture par une marche autour du lac Long. Dans ses hauteurs, nous trouvons un bon emplacement pour la nuit. Ainsi exposées au vent, nous sommes presque tranquilles niveau moustiques. Une bonne soirée en perspective.

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