Acclimatation et premiers 5 000

Dans cet article :

Chukhung Ri. © Kelly Tabuteau

Trek des Trois Cols, jour 5 : de Jorsale à Namche Bazar

📅 10 octobre 2022
🥾 5,9 km / 750 m D+ / 140 m D-

Cette nuit, j’ai vraiment bien dormi… Faut dire que la journée d’hier m’avait pas mal fatiguée aussi. Mais je crois que je suis enfin remise du décalage horaire… il m’aura fallu plus d’une semaine…

Petit déjeuner à 7 h, je quitte l’auberge un peu avant 8 h, toujours dans le nuage et sous la pluie. Une petite journée m’attend aujourd’hui en termes de kilomètres (moins de 6), mais tout en montée jusqu’à 3 440 mètres d’altitude.

Le sentier est encore bien boueux et je prends mon temps dans les quelques phases descendantes. Mais je ne vais pas me mentir, je suis assez lente dans les montées aussi… Ce trek au Népal m’apprend finalement à ralentir, à prendre le temps de monter. Si je gardais mon rythme habituel de rando, avec l’altitude, je serais obligée de m’arrêter toutes les 30 secondes pour reprendre mon souffle. Alors je prends mon temps, calant mes pas sur ma respiration. Slow and steady comme on dit… Lentement et régulièrement.

En 2 h 30, j’atteins Namche Bazar.

L’arrivée sur Namche Bazar. © Kelly Tabuteau

Je me perds un peu dans le labyrinthe de rues. Je me sens déboussolée et débordée face à l’agitation qui règne ici ! Je tente une première auberge qui est en fait un hôtel. C’est assez cher… au-dessus de mon budget du moins. La deuxième sera la bonne.

Après une bonne douche, je me repose un peu, puis je pars m’installer à la boulangerie de Namche Bazar dont on m’a dit beaucoup de bien. Je commande un chocolat chaud pour me réchauffer et me gâte d’un gâteau chocolat-banane, une tuerie !

© Kelly Tabuteau
© Kelly Tabuteau
Un petit match de volley à 3 440 mètres d’altitude ? © Kelly Tabuteau

Pour digérer, je marche dans les rues de Namche Bazar pour découvrir ce grand village (ou cette petite ville, je ne sais pas trop quelle classification utiliser…). J’en profite pour faire quelques achats, notamment du papier toilette, car mon stock s’épuise, et un nouveau livre.

Sans sac sur le dos, les nombreuses marches des ruelles semblent bien plus faciles à gravir ! Je comprends maintenant pourquoi la majorité des gens engage des porteurs pour son trek.

Je passe le reste de la journée dans ma chambre, entre repos, lecture, Internet et Netflix. Je dîne au restaurant de l’auberge, un veggie burger correct.

J’ai malheureusement du mal à m’endormir… Ma chambre donne sur le pub irlandais de Namche Bazar. C’est assez bruyant ! À minuit, le son se coupe enfin et je finis par sombrer dans un sommeil léger.

Journées d’acclimatation à Namche Bazar

📅 11 octobre 2022

Une des choses que j’appréhendais de ce trek était la gestion de l’altitude. J’avais bientôt fait quelques 3 000 dans les Pyrénées ou encore le Piton des Neiges sur l’Île de la Réunion, mais jamais au-dessus. Alors, pour éviter de souffrir du Mal Aigu des Montagnes, je veille à appliquer scrupuleusement les règles d’or pour une bonne acclimatation, à savoir :

  • ne pas monter trop vite trop haut : 400 mètres maximum à chaque dodo, au-dessus de 3 500 m d’altitude (même si la dans la journée, je peux monter plus, tant que je redescends pour dormir);
  • faire une journée et une nuit d’acclimatation tous les 1 000 mètres à partir de 3 000 mètres.

Aujourd’hui, puisque j’ai atteint les 3 000 mètres, je m’octroie donc une journée d’acclimatation. J’avais prévu une petite rando à la journée, mais il pleut toujours alors je prends la journée tranquille, à me reposer.

Au dîner, je rencontre Nicolas, un Français qui a dû faire demi-tour à Dingboche, car justement, il souffrait du mal des montagnes. Ayant perdu quelques jours sur son trek à cause des vols annulés jusqu’à Lukla, son groupe n’a pas respecté les règles d’acclimatation… ce qui me conforte encore plus pour les appliquer minutieusement afin d’atteindre mon objectif !

📅 12 octobre 2022

Je devais reprendre le trek aujourd’hui, mais, surprenant, il pleut encore beaucoup. Comme j’ai quelques jours de « au cas où », dans ma planification, météo ou maladie, je décide de rester une journée de plus à Namche Bazar. Même programme que la veille donc : lecture, Netflix et repos.

En fin de journée, je me remercie d’avoir pris cette décision, car il ne s’est pas arrêté de pleuvoir de presque toute la journée ! Un peu avant 16 h, les nuages se lèvent enfin et le ciel bleu apparaît. Je n’avais aucune idée que Namche Bazar était entouré de telles montagnes. Je m’extasie un peu avec des « C’est vraiment beau !!! », et je fais rire le propriétaire de l’auberge qui me demande à quoi je m’attendais, que j’étais à Namche Bazar après tout. Comment aurais-je pu savoir que les montagnes étaient si proches quand je suis dans le nuage depuis mon arrivée ? Mais l’éclaircie est cependant de courte durée : le temps de terminer mon thé que les nuages sont déjà revenus !

Les montagnes sont en effet juste là ! © Kelly Tabuteau

Au dîner, je retrouve Nicolas par hasard. Il est accompagné d’un de ses amis qui, lui, a dû faire demi-tour à Gorakshep, souffrant du mal de l’altitude. Nous passons une bonne soirée, puis je vais au dodo. Il pleut toujours…

Trek des Trois Cols, jour 6 : de Namche Bazar à Pangboche

📅 13 octobre 2022
🥾 14,3 km / 1 100 m D+ / 575 m D-

Je suis réveillée de bonne heure par des chiens qui aboient et je peine à me rendormir… À 6 h, j’abandonne et vais petit-déjeuner. Victoire, il ne pleut plus ! Le ciel est dégagé, ce qui me permet de prendre mon temps pour observer les montagnes qui m’entourent. C’est tellement beau !

© Kelly Tabuteau

Après sept jours de pluie et de tête dans les nuages, je revis !

Au petit déjeuner, je rencontre Emese, une Hongroise de 42 ans qui vit en Allemagne depuis dix ans. Comme moi, elle est seule, sans guide et sans porteur. Au fur et à mesure que nous discutons, nous réalisons que nous avons exactement le même itinéraire, y compris les randos d’acclimatation à la journée. Nous décidons alors de faire un petit bout de chemin ensemble.

Un dernier regard derrière nous, et c’est parti ! © Kelly Tabuteau

Un peu avant 7 h 30, nous quittons enfin Namche Bazar. Ça monte sec en escaliers, je n’étais pas prête à ça de bon matin… Puis nous longeons une courbe de niveau en balcon, avec de temps à autre quelques montées un peu plus abruptes. C’est vraiment beau, notamment la vue sur Ama Dablam qui culmine à 6 812 mètres !

© Kelly Tabuteau
À partir d’aujourd’hui, on se rapproche des sommets les plus hauts du monde ! © Kelly Tabuteau

Nous faisons une pause collation un peu avant Phunke Tenga. Emese décide de prendre un thé, moi, je continue. Je suis plus rapide en montée et, de là, nous avons plus de 500 mètres à gravir. Nous n’aurions donc pas marché ensemble, même si je l’avais attendue.

J’atteins Tengboche quatre heures après avoir quitté Namche Bazar. Le panorama qui s’offre à moi est simplement à couper le souffle : le mont Everest, Lhotse et Ama Dablam. Il y a aussi un monastère, mais il est fermé aux visites. Je m’installe donc en terrasse et commande un thé en attendant Emese.

Everest et Lhotse dans le nuage. Le majestueux Ama d’Ablam. © Kelly Tabuteau
Des visites du monastère sont possibles selon les heures. © Kelly Tabuteau

Elle arrive quarante-cinq minutes plus tard. Nous nous installons sur la terrasse d’une autre auberge où elle prend à son tour un thé. Après ça, nous reprenons notre marche vers Pangboche, à quatre kilomètres de là.

© Kelly Tabuteau
© Kelly Tabuteau
© Kelly Tabuteau

Nous arrivons un peu après 14 h et déjeunons. Des momos pour moi. Après-midi papotage au soleil. À 16 h, nous commençons à avoir froid et nous réfugions à l’intérieur.

© Kelly Tabuteau

Nous dînons à 19 h 30 et allons nous coucher de bonne heure.

Cette journée m’a remonté le moral après un début de trek assez complexe… Le soleil m’a réchauffé le corps, les montagnes m’ont réchauffé l’âme. C’était une journée parfaite !

Trek des Trois Cols, jour 7 : camp de base d’Ama Dablam

📅 14 octobre 2022
🥾 9,1 km / 760 m D+ / 760 m D-

Au programme : randonnée d’acclimatation jusqu’au camp de base d’Ama Dablam à 4 580 mètres d’altitude.

À 7 h 15, nous sommes en marche ! Nous sortons du village puis bifurquons sur la droite pour rejoindre le sentier qui nous mènera à destination. Nous descendons vers la rivière où un petit pont nous attend. À partir de là, environ 700 mètres de dénivelé positif nous attendent. Emese a un peu de mal… Hier, elle s’est tordu la cheville et bien qu’elle ne ressente pas vraiment de douleur, elle reste précautionneuse.

Easy peasy après les longs ponts suspendus ! © Kelly Tabuteau

Je maintiens un bon rythme jusqu’à une altitude de 4 200 mètres puis je suis obligée de ralentir pour ne pas m’essouffler trop vite. Emese, elle, a repris du poil de la bête. Elle mène à présent la marche.

Nous atteignons le camp de base en trois heures. Nous nous installons près d’un terrain de volley improvisé dont les lignes sont réalisées avec un pic à glace. Ici Sherpas et porteurs jouent, non pas pour le sérieux, mais pour le plaisir de jouer. Nous restons près d’une heure à les regarder et à rigoler avec eux. C’est finalement le froid qui nous fait rebrousser chemin.

Du volley à 4 580 mètres, c’est bien plus fun qu’à 3 440 ! © Kelly Tabuteau

La première partie de la descente se passe sans encombre. Pour la deuxième partie, je peine comme ce n’est pas possible. Je n’ai plus de force et je n’arrive plus à avancer. Je ne sais pas ce qui se passe. Emese me motive, mais j’ai vraiment beaucoup de difficulté. Tant bien que mal, nous atteignons le pont où je fais une énième pause et mange une barre de céréales. Je dis à Emese de continuer, je la retrouverai à l’auberge. Elle hésite à me laisser seule, mais je lui assure que tout ira bien, j’ai juste besoin de repos.

Après une bonne pause, je me remets en marche, motivée par la douche qui m’attend. Ça me requinque presque instantanément ! Avant le déjeuner, nous faisons notre lessive (à la main bien évidemment).

Le reste de l’après-midi est consacré au repos. Je me sens fiévreuse, je tousse et j’ai mal à la gorge. Cela explique peut-être pourquoi je n’avais plus de jus dans la descente.

Je dîne une soupe, prends un Doliprane, puis vais me mettre au chaud dans mon lit.

Trek des Trois Cols, jour 8 : de Pangboche à Dingboche

📅 15 octobre 2022
🥾 6,4 km / 460 m D+ / 75 m D-

La nuit n’a pas été top entre la fièvre, le mal de crâne et la toux… Je suis fatiguée et manque d’énergie. Un local me conseille de remonter mon tour de cou devant ma bouche en tout temps, pour éviter de respirer l’air froid et sec. Vu mon état, le programme de la journée va être légèrement modifié…

Emese et moi nous mettons en route aux alentours de 7 h, pour rejoindre Dingboche, à un peu plus de six kilomètres. Je suis parfois obligée de m’arrêter pour laisser passer une quinte de toux qui me brûle les bronches.

Après trois heures de marche, nous arrivons à Dingboche et je suis épuisée. Emese et moi avions prévu de gravir Nangkartshang, mais j’ai besoin de repos, j’ai besoin de dormir. Nous décidons de modifier notre itinéraire : nous resterons une journée de plus à Dingboche pour cette ascension. Aujourd’hui, ce sera relâche : moi, pour reprendre du poil de la bête, elle, pour reposer sa cheville.

Dingboche. © Kelly Tabuteau

Couchée, sous la couverture, je grelotte de fièvre. À 11 h, moment où je suis censée retrouver Emese, je me dirige plutôt vers la clinique du village… qui est fermée le samedi… Je retourne donc à l’auberge où une nouvelle quinte de toux me prend. Je peine à reprendre mon souffle… Je reste un peu avec Emese, mais à midi, je retourne me coucher pour n’émerger que trois heures plus tard : la fièvre a l’air d’être tombée, mais j’ai toujours mal à la gorge et je tousse toujours beaucoup.

Je commande à manger pour reprendre des forces. À 16 h, Emese et moi allons faire une petite marche dans le village. Dès le retour à l’auberge, je vais me coucher.

Trek des Trois Cols, jour 9 : ascension de Nangkartshang

📅 16 octobre 2022
🥾 5,6 km / 770 m D+ / 770 m D-

Je me réveille plus en forme que la veille, le repos a dû me faire du bien.

© Kelly Tabuteau

Dès le petit déjeuner englouti, nous nous dirigeons vers Nangkartshang, une randonnée qui nous mènera à plus de 5 000 mètres d’altitude. Je suis épatée par la vitesse à laquelle le corps s’adapte. Grâce aux respects des règles d’acclimatation, je me sens moins affectée pas le manque d’oxygène. S’il y a deux jours, je peinais à 4 200 mètres, je suis dorénavant plus à l’aise. Même si je garde un rythme lent pour ne pas m’essouffler, je viens à bout des 770 mètres de dénivelé positif relativement facilement.

Nous faisons une pause collation au sommet, quelques photos et faisons demi-tour. La descente est beaucoup plus rapide, Emese est derrière et me demande de ne pas l’attendre. Nous nous retrouverons à l’auberge.

© Kelly Tabuteau
© Kelly Tabuteau

Midi. Nous allons à la clinique qui est supposée être ouverte, mais il n’y a toujours personne. Un villageois nous informe que la clinique est définitivement fermée… Je trouve des pastilles pour la gorge dans une échoppe de rue. Puis Emese et moi allons nous installer au Café 4410 pour déjeuner. Une soupe patate-poireau avec du pain sourdough, une tuerie !

Louise, une Française que nous avons rencontrée à notre auberge, nous rejoint et nous passons toute l’après-midi au café. Benny et Pele, les deux amis israéliens, sont aussi de la partie. Je suis bien contente de les revoir et d’échanger sur nos jours séparés. À 14 h, il y a la projection du documentaire Sherpa, sur la saison 2014 de l’ascension du mont Everest, chamboulée par une avalanche tuant plusieurs Sherpas. Cette saison a été un tournant dans les protections des Sherpas qui ont pu obtenir du soutien du gouvernement.

Nous sommes de retour à l’auberge vers 18 h. Je commande une omelette pour le dîner puis achète une carte wifi pour papoter avec papa et maman. Manque de bol, la connexion n’est pas bonne : nous devons communiquer par messages.

Extinction des feux à 20 h 30.

Trek des Trois Cols, jour 10 : de Dingboche à Chukhung

📅 17 octobre 2022
🥾 10,3 km / 1 110 m D+ / 695 m D-

Une fois n’est pas coutume, petit déjeuner à 6 h 30 et départ de l’auberge à 7 h, toujours en compagnie d’Emese. Aujourd’hui, nous devons atteindre Chukhung à un peu moins de 5 kilomètres de Dingboche.

Le sentier monte graduellement si bien que nous avons un bon rythme. Nous arrivons à destination en deux heures. Des amis d’Emese nous avaient recommandé une des auberges du village, donc nous allons directement demander s’il y a une chambre de disponible. Après quelques péripéties, nous avons finalement une chambre, avec un grand lit et un lit à une place.

La faim nous tiraille l’estomac, alors nous commandons un deuxième petit déjeuner. Et je ne peux m’empêcher de revivre un moment du Seigneur des Anneaux : « Mais qu’en est-il du second petit-déjeuner ? »

Mais le pancake est énorme et j’ai de la difficulté à le finir… Emese souhaite se reposer aujourd’hui. Moi, j’aimerais gravir Chukhung Ri (5 546 mètres) comme randonnée d’acclimatation. Mais avec cette dose de nourriture dans le ventre, je dois attendre de digérer un peu avant de me lancer dans l’ascension.

Dans la salle à manger de l’auberge, nous revoyons deux filles polonaises que nous avions croisées au départ de Namche Bazar. L’une a mal à la tête à cause de l’altitude alors que l’autre, Paulina, n’a aucun symptôme. Nous décidons donc, Paulina et moi, de tenter Chukhung Ri ensemble. Il semble y avoir deux chemins qui y mènent alors nous décidons de faire une boucle.

Nous commençons le sentier vers la gauche, mais après quelque temps, il disparaît. Nous devons couper à travers la montagne pour retrouver l’autre chemin. Je me sens étourdie entourée par ces géants. Hier, maman m’avait demandé si je n’avais pas le vertige face à ces hauts sommets. Si jusqu’à présent, je ne l’avais pas ressenti, c’est maintenant chose faite.

Après avoir traversé un pierrier, Paulina et moi repérons enfin le sentier « officiel ». De là, l’ascension est plus facile. Nous sommes tout de même au-dessus de 5 000 mètres d’altitude : Paulina gambade presque devant moi alors que je prends vraiment mon temps.

© Kelly Tabuteau

Nous atteignons le point de vue à 5 360 mètres. C’est vraiment beau ! Gourmandes, nous décidons de continuer. Oui mais voilà, à près de 5 400 mètres d’altitude, tout est plus lent. Craignant de ne pas être revenues avant la nuit, nous faisons demi-tour avant d’avoir atteint le sommet.

© Kelly Tabuteau

Nous sommes de retour à l’auberge à 16 h 30 et nous commandons notre dîner. Je retrouve Emese dans la salle commune et je suis bien contente de la voir. Elle a l’air en super forme.

Le reste de la soirée est bien calme entre papotage et lecture.

Trek des Trois Cols, jour 11 : camp de base d’Island Peak

📅 18 octobre 2022
🥾 13,4 km / 560 m D+ / 560 m D-

Nous ne changeons pas nos habitudes… Emese et moi décidons de nous mettre en marche à 7 h après avoir englouti notre petit déjeuner. Aujourd’hui, nous faisons une randonnée à la journée vers le camp de base du pic Island à 5 100 mètres d’altitude.

Le pancake du petit déjeuner me pèse sur l’estomac et je suis vraiment lente ce matin. Pour une fois, c’est donc Emese qui impose le rythme de la rando, mais je peine à suivre. À un moment, je sens un trop plein d’émotions m’envahir — le manque d’Ouna —, et j’ai besoin de faire une pause. Je demande à Emese de continuer — je la rattraperai, car j’ai besoin d’être seule. Je réalise que sur mes premiers jours de trek, marchant seule, je laissais couler mes larmes dès qu’elles venaient. Depuis que j’avance avec Emese, je les retiens… Elles ont besoin de sortir. Je me laisse alors vivre mes émotions, ça fait mal et ça soulage en même temps.  

Je me ressaisis et rattrape Emese. Nous marchons dans une belle vallée entourée de sommets enneigés (dont Ama Dablam et Island Peak) et c’est vraiment beau ! Malgré l’altitude, la rando est assez facile, car le terrain est relativement plat. Ni l’une ni l’autre n’avons de symptômes du mal des montagnes, probablement car nous prenons ce début de trek lentement, avec plusieurs randonnées d’acclimatation.

Arrivées au camp de base, nous prenons quelques photos et escaladons la butte pour apercevoir le lac. Nous ne faisons pas long feu, car un vent glacial nous perce jusqu’à la moelle.

© Kelly Tabuteau

Nous sommes de retour à l’auberge un peu avant midi et commandons une soupe aux légumes pour nous réhydrater.

Puis Emese part préparer ses affaires, car elle redescend aujourd’hui à Dingboche. Nous nous retrouverons demain soir à Lobuche, mais nous emprunterons un chemin différent : moi, le premier col du trek, le Kongma La qui culmine à 5 540 mètres, elle, par la vallée, car elle ne se sent pas prête physiquement à un tel défi.

Vers 14 h, nous nous disons donc au revoir et je m’installe au soleil pour lire. À peine dix minutes plus tard, je suis dérangée par l’arrivée de Pele ! Je suis tellement contente de le revoir.

Pele et Benny sont en tout restés cinq jours à Dingboche pour voir comment la douleur au genou de Benny évoluait. Ils en sont venus à la même conclusion qu’Emese et moi : Benny va emprunter la vallée pour se rendre à Lobuche alors que Pele aller tenter le col Kongma. Secrètement, il espérait me retrouver à Chukhung. Les choses sont parfois bien faites !

Alors que Pele va marcher vers Chukhung Ri pour s’acclimater, je retourne dans ma chambre regarder Netflix.

À son retour, nous nous installons dans la pièce commune à papoter et à jouer à la bataille corse. Nous dînons, et à 20 h 30, chacun regagne ses quartiers afin de se reposer pour la grosse journée du lendemain.

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