Un week-end à Halifax

Le Canada est un pays immense où les distances sont plus que démesurées… Depuis Whitehorse, me rendre à Halifax est quasiment aussi cher et aussi long que de rentrer en France (15 h de voyage contre 18 h) ! Alors quand l’opportunité d’un déplacement professionnel à l’est du pays s’est présentée, j’ai sauté sur l’occasion pour demander à ma cheffe quelques jours de vacances. J’avais envie de découvrir Halifax. J’avais surtout envie de partir en road-trip pour explorer une des quatre provinces de l’Atlantique. Mes deux semaines de congés m’ont permis de faire les deux. Oui mais voilà : début mars n’est vraiment pas le meilleur moment pour visiter la capitale néo-écossaise… Saison de transition et période de tempêtes de neige ou de pluies verglaçantes, je suis arrivée sous un ciel blanc et des rues fantômes, où je pouvais presque ressentir l’impatience des habitants. Cloîtrés bien au chaud dans leur maison, ils attendaient le retour du printemps.

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©Kelly Tabuteau

La capitale gagne pourtant à être connue. Avec un peu plus de 400.000 habitants, Halifax reste une ville à taille humaine, qu’il est possible d’arpenter en marchant, en long, en large et en travers. Construite sur de petites collines, c’est avec mes chaussures de randonnée aux pieds que j’ai crapahuté dans le quadrillage de boulevards que forme Halifax. Çà et là, des rues à la pente relativement forte, pouvant être extrêmement glissantes ; surtout en hiver quand les trottoirs se transforment en patinoire… Pour tout dire, j’ai failli ne pas réussir à venir à bout de Prince Street après une journée d’averses de neige fondue…

Reconnue pour posséder l’un des plus grands ports de pêche au monde, pour être l’une des villes les plus vieilles du Canada (1749) et pour constituer la plus grande base navale militaire du pays, les attraits de la municipalité d’Halifax sont nombreux. Anciens bâtiments et immeubles modernes se côtoient, donnant à cette capitale nord-américaine un charme que je n’avais pas encore trouvé aux autres déjà visitées. Exit les immenses et nombreux gratte-ciels, bonjour les édifices historiques reconvertis en bureaux ou restaurants.

La vieille ville

De son histoire, on peut comprendre que la ville d’Halifax s’est développée, en premier, autour de son port, et pas nécessairement pour son rôle alimentaire. C’était davantage sa position stratégique en terme de défenses militaires qui en a été la raison. J’ai commencé ma visite d’Halifax avec la Citadelle et son tir de canon quotidien sonnant midi. Malheureusement, c’est à peu près la seule chose que j’ai pu admirer du lieu national historique puisque, bien que le site reste ouvert au public toute l’année, la citadelle en elle-même est fermée hors saison : les remparts sont inaccessibles en hiver et le bâtiment principal est en rénovation : entouré d’échafaudages, il est difficile de se l’imaginer. Située au sommet de la colline dominant le port, elle offre néanmoins un joli panorama et une vue directe sur la Tour de l’horloge, un des symboles les plus connus de la ville. Bien sûr, elle aussi est en rénovation si bien que je ne peux en avoir un réel aperçu… Pour la petite anecdote, il semblerait que le prince Édouard, commandant des armées britanniques en 1800, a fait ériger cette montre géante pour que les habitants de l’époque soient ponctuels en tout temps ! Après plus de deux ans passés au Canada, je pense que ce n’était pas une mauvaise chose… car si les Canadiens sont toujours à l’heure dans le milieu professionnel, c’est une toute autre paire de manches dans la vie personnelle…

Flânant dans les rues, je découvre des petites pépites : de jolies fresques murales ; l’église anglicane St. George, ronde et en bois ; l’église St. Patrick, transpirant la couleur verte par toutes ses ouvertures ; le meilleur marchand de beignets de la ville, à en juger par la foule qui attend patiemment dans la rue ; et j’en passe.

Mes pas me mènent tranquillement au Musée maritime de l’Atlantique. Organisé en plusieurs expositions, c’est celle consacrée au Titanic qui m’intéressait le plus, du moins de prime abord. En 1998 quand le film sort au cinéma, j’ai 11 ans… Je tombe amoureuse de Jack Dawson et je découvre surtout l’histoire d’un naufrage dont je n’avais jamais entendu parler. S’en suit une série de recherches (c’est le début de la démocratisation d’Internet) et la mise en place d’un dossier comme si j’avais à en faire un exposé en classe. Bref, depuis ce fameux film, j’ai une certaine admiration (macabre ?) pour l’histoire du Titanic et la visite de ce musée était une évidence. Après le naufrage du paquebot, le 15 avril 1912, Halifax a été le port central des missions de repêchages des corps, tout comme celui des chercheurs de trésors. La partie réservée au paquebot est une mine d’informations allant du prix du billet première classe, au bois utilisé pour l’escalier du salon central, à des objets récupérés dans les fonds de l’Atlantique.

Les autres expositions sont également intéressantes. J’ai particulièrement aimé en apprendre davantage sur l’explosion du 6 décembre 1917, quand le navire norvégien Imo percuta le cargo de munitions français Mont-Blanc. Il s’agit de l’explosion de cause humaine la plus importante avant celle de la bombe atomique : 2.000 victimes, plus du double de blessés et de nombreux quartiers rasés.

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L’hôtel de ville d’Halifax et un monument commémoratif. ©Kelly Tabuteau

J’ai achevé cette première journée avec une balade sur la promenade en bois aménagée sur le front de mer d’Halifax. Longue de quatre kilomètres, elle est réputée vivante et dynamique avec ses restaurants, cafés, galeries d’arts et boutiques en tout genre, dont les façades sont toutes plus colorées les unes que les autres. En mars, c’est une zone quasi déserte où seuls les courageux joggeurs et les quelques touristes de passage viennent affronter la brise marine… L’île Georges, accueillant le fort Charlotte, se dessine au loin, dans une ambiance presque mystique.

Le lendemain matin, c’est vers le Musée canadien de l’immigration que je me dirigeais, mon coup de cœur du week-end. Point d’entrée de plusieurs milliers d’immigrants entre 1928 et 1971, le lieu historique a été aménagé autour de deux expositions entièrement bilingues : les flux migratoires au Canada depuis le XVIIe siècle et l’histoire du quai 21. Moins connus qu’Ellis Island à New-York, le fonctionnement de ces deux « centres de triage » était pourtant très similaire ! Photos, artéfacts, reproductions et témoignages accompagnent les panneaux explicatifs du musée.

La ville marchande

Quand on vit à Whitehorse, ou dans une communauté reculée du Canada, tout voyage dans le sud est prétexte pour une virée « shopping ». L’omniprésence de ses boutiques permet de combler le moindre manque que la vie au nord peut créer. La fièvre acheteuse ne m’ayant pas encore contaminée, je n’ai fait que passer dans les rues commerçantes principales du centre-ville : Barrington Street et Spring Garden Road. L’agitation qui y règne m’a d’ailleurs découragée d’y passer plus de temps… De nombreux piétons sur les trottoirs, des voitures en file indienne sur la route… C’était beaucoup trop peuplé et bruyant pour moi. J’ai préféré tenter ma chance au Halifax Seaport Farmer’s Market pour parcourir des étalages de producteurs locaux. Bon, m’y rendre à 16 h 30 quand la fermeture est à 17 h, qui plus est au lendemain d’une tempête de neige, n’était pas la meilleure idée que j’ai eue… Comme pour le Halifax Waterfront Boardwalk, ce sont des allées vides qui m’y attendaient !

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Halifax Seaport Farmer’s Market, ©Kelly Tabuteau

La ville verte

Au cours de mes déambulations, je suis tombée sur de nombreux espaces verts. Petits jardins publics de quartier, ou espaces plus grands aménagés et entretenus par une multitude de jardiniers, il y a l’embarras du choix. C’est au Halifax Public Gardens que j’ai décidé de faire une petite pause. Si la promenade bucolique est promise en été, en hiver, les parterres sont remplacés par des chemins verglacés et des arbres nus. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un véritable havre de paix à deux pas de l’effervescence de Spring Garden Road.

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C’est presque triste comme vue… ©Kelly Tabuteau

Plus loin, mes pieds m’ont menée jusqu’à Point Pleasant Park, un parc municipal situé à l’extrémité sud de la péninsule d’Halifax. Véritable bouffée d’oxygène, j’ai apprécié m’y perdre dans les nombreuses allées à la recherche de vestiges militaires, bien « cachés » avec la végétation qui a repris ses droits. Tout comme le cœur de la ville, le lieu a servi de base militaire il y a quelques centaines d’années.

Enfin, encore plus loin, à une quarantaine de kilomètres du centre-ville, c’est cette fois-ci ma voiture de location qui m’a conduite à la célèbre Anse Peggy. Je m’attendais tellement à être déçue, à y trouver un genre de village papier-carton type Disney Land, que j’ai finalement été agréablement surprise. Oui, c’est touristique (enfin, un lundi, en mars, pas tant que cela en fait), mais le lieu est vraiment pittoresque : un petit port où des bateaux de pêcheurs se mêlent à des bâtisses rustiques, un cap rocheux où viennent se briser les vagues, et un phare très (très) photogénique.

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Coucher de soleil sur le phare de Peggys Cove. ©Kelly Tabuteau

6 réflexions sur “Un week-end à Halifax

  1. Dommage pour toi que tu n’ais pas pleinement pu profiter d’Halifax. L’été c’est une ville très vivante et super agréable ! Pour avoir visité toutes les principales villes canadiennes, Halifax est à n’en pas douter l’une des plus singulières et charmantes. Je te souhaite de visiter Saint Jean de Terre-Neuve aussi 🙂

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    1. Merci Fabien pour tes conseils. J’aimerais tellement aller à Terre-Neuve mais ce n’est pas dans les projets immédiats.
      Je continue néanmoins d’explorer le Canada !
      Et même si ce n’était pas dans les meilleures conditions, je suis contente d’avoir réussi à capter le charme d’Halifax 🙂

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  2. J’ai souri en lisant cet article parce que je suis en préparation d’un article de blog sur le printemps au Canada et toutes les mésaventures climatiques qui vont avec.
    Tes photos n’en sont pas moins magnifiques et donnent envie de découvrir cette ville.

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    1. Merci Cora 🙂 En effet, le début du printemps est souvent un peu laborieux… Ici, au Yukon, tout est boueux pendant plus d’un mois. Du coup, je limite les grosses randos, mais après, ce n’est que du bonheur de crapahuter dans cet espace de jeux infini.

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  3. De superbes photos et beaucoup de marche pour vivre passionnément ta vie Canadienne !! Mais tu as toujours des endroits à découvrir et tu doit être zen pour apprécier le calme et la beauté de tes randonnées !! Tu n’emmène pas ta chienne avec toi !! J’ Espère que tu vas bien et que tu profite du printemps !! Je te fais plein de gros bisous et pense à toi !! 😘❤️😀

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