Le mont Ripinski en hiver : entre galères et émerveillements

Dans cet article :

© Kelly Tabuteau

Mon récit de randonnée

Randonner en Alaska, c’était un peu un rêve de toujours ! Depuis ma première visite de Haines en août 2017, je n’avais qu’une envie : atteindre le sommet du mont Ripinski, qui culmine à 1 120 mètres d’altitude. Malheureusement, ce premier séjour dans ce village de pêcheurs ne m’avait pas permis d’assouvir cette volonté puisque la météo était plus que mitigée : le mont Ripinski jouait à cache-cache avec les nuages ! C’était alors vers la randonnée du mont Riley que Jake et moi nous nous étions rabattus, une montagne plus accessible qui, elle, n’avait pas la tête dans les nuages.

Je suis ensuite retournée à Haines en août 2018 avec mon amie Amandine en visite depuis la France. Même constat : la pluie avait décidé de s’immiscer dans notre programme ! Rebelote, nous nous tournions vers le mont Riley…

Depuis le mont Riley, on ne peut voir le sommet de Ripinski… © Kelly Tabuteau

J’ai donc dû attendre mon troisième séjour à Haines pour enfin concrétiser mon désir d’ascension. Je ne sais pas pourquoi, mais le mont Ripinski m’appelait et m’hypnotisait : je devais le grimper ! Il faut dire qu’il fait partie de la chaîne des monts Takshanuk, chaîne de montagnes proéminente que l’on aperçoit depuis la route de Haines, juste avant d’atteindre le village côtier ; et que cette chaîne, elle est belle !

Cette fois-ci, la météo s’annonçait parfaite ! Par contre, je devais prévoir de légers ajustements à mon équipement, car nous étions le 23 février 2019, en plein hiver donc, et qu’une grosse tempête de neige venait de s’abattre sur Haines. Jake et moi étions arrivés la veille et lors de notre visite habituelle à l’office du tourisme local, la dame nous avait conseillé de randonner avec prudence puisque c’était vingt bons centimètres de neige fraîche qui avait recouvert la région.

Jake préférant passer la journée à pêcher, je décidais donc de tenter cette randonnée par moi-même, quitte à ne pas atteindre le sommet si l’ascension s’avérait trop difficile. Nous n’avions qu’une voiture et comme nous étions en Alaska, nous n’avions pas de moyen de communiquer. Niveau sécurité, on repassera donc ! Bref, ce matin du 23 février 2019, Jake me déposa au départ de la randonnée. Nous avions prévu qu’il viendrait me récupérer six heures plus tard, temps de marche estimé par rapport aux données renseignées sur le site Yukon Hiking. En hiver, je serai certainement plus lente !

Raquettes à neige aux pieds, je m’élançais, accompagnée d’Hazel et Ouna, de bonne humeur dans une atmosphère féérique tout enneigée. Si les deux chiennes gambadaient gaiement, de mon côté, je déchantai vite ! Étant la première à passer par là, je devais faire la trace ! Et, pour ajouter à la difficulté de randonner dans une vingtaine de centimètres de neige fraîche, je devinais sous mes pas quelques installations en bois, qui, en été, devaient rendre la marche plus facile, mais qui, en hiver, étaient un vrai cauchemar. La neige avait effacé tout type de relief : j’étais incapable de discerner les marches d’escalier, qui étaient bien plus étroites que mes raquettes ! Puis, sous la couche de neige fraîche, des plaques de verglas recouvraient le sol si bien que je glissais sans cesse, rendant mon avancée complexe.

© Kelly Tabuteau

Dès cette partie achevée, le sentier monta de façon plus raide et mes raquettes n’avaient que peu d’accroches au sol. Je commençais sérieusement à me décourager quand j’entendis Ouna aboyer. En me retournant, j’aperçus un local d’une cinquantaine d’années arrivant à toute allure derrière moi. J’avais l’impression qu’il courait, alors que moi, je galérais ! Je me tassai pour le laisser passer et après un bref échange, il sortit vite de mon champ de vision.

J’avançais tant bien que mal. J’étais lente et j’avais déjà dépensé beaucoup d’énergie sur cette première partie qui était censée être la plus simple. Surtout, je m’inquiétais de ne pas être de retour à temps pour retrouver Jake. D’une humeur maussade certes, je m’accrochais néanmoins et continuais mon ascension.

Quand je vis le randonneur de tout à l’heure déjà sur son chemin du retour, mon moral descendit au plus bas. Pourtant, l’homme s’arrêta et me donna le coup de pouce que j’attendais : il ne me restait que quelques centaines de mètres à gravir avant de rejoindre une piste compacte. Et oui, je ne le savais pas, mais aujourd’hui, c’est la Kat to Koot, une course d’aventure alpine d’hiver dont les participants se sont élancés depuis l’accès Piedad plus tôt ce matin.

© Kelly Tabuteau

Je me remotivais donc et j’atteignais rapidement la jonction entre les deux départs de randonnée. De là, une autoroute s’ouvrait à moi ! Avancer en raquettes sur ce sol solidifié par le passage de nombreuses personnes était un bonheur ! Qui plus est, je sortais du couvert des arbres et les paysages qui m’entouraient étaient époustouflants. J’avais sous les yeux un kaléidoscope de pics acérés enneigés, plus accidentés les uns que les autres, surplombant les rivières Chilkat et Chilkoot. Çà et là, des arbres momifiés par la neige. Un vrai régal pour les rétines !

Une autoroute s’ouvre à moi ! © Kelly Tabuteau

Malgré la pente qui s’accentuait, j’évoluais dorénavant rapidement, tout en profitant : le ciel était d’un bleu profond, il n’y avait presque pas de vent et la température avoisinait les 0 °C. Je me délectais de ces vues infinies, des étoiles plein les yeux, mais ne sachant où poser mon regard face à cette magnifique immensité.

Enfin, j’aurai gravi le mont Ripinski !

Au sommet ! © Kelly Tabuteau
© Kelly Tabuteau

Après une pause déjeuner bien méritée, je revins tranquillement sur mes pas. Même si le verglas en fin de parcours n’était pas plus agréable qu’à l’aller, c’était le cœur léger et le baume à l’âme que je terminais cette superbe randonnée hivernale en Alaska.

La randonnée en bref

© Kelly Tabuteau

Le mont Ripinski est une crête proéminente des monts Takshanuk, qui s’élève au nord-ouest de Haines, en Alaska. Cette chaîne de montagnes divise les bassins versants des rivières Chilkat et Chilkoot et longe la route de Haines.

Nom :Mont Ripinski (Haines, Alaska)
Date :23 février 2019
Type :Aller-retour
Distance :12,7 kilomètres
Dénivelés :1 110 mètres
Durée :6 h 08 d’effort

Informations pratiques

© Kelly Tabuteau

Accéder au mont Ripinski

L’office du tourisme de Haines dispose d’une brochure gratuite présentant les différentes randonnées à faire à Haines. « Haines is for Hikers » décrit notamment les trois sentiers d’accès au mont Ripinski :

  • Le sentier Skyline (celui que j’ai réalisé) présente une ascension graduelle, ce qui le rend plus populaire que les deux autres auprès des touristes notamment. Son départ se trouve sur Young Road.
  • Le sentier Piedad est le chemin le plus court vers le mont Ripinski. Il est plus raide et plus accidenté que Skyline qu’il rejoint à mi-chemin. Son accès se trouve sur la route de Haines, relativement proche du centre-ville.
  • Le sentier 7-mile Saddle est, quant à lui, accessible depuis la route de Haines, à une dizaine de kilomètres du centre-ville. Les locaux l’utilisent davantage pour réaliser une traversée passant par le mont Ripinski. Ils redescendent ensuite par Skyline ou Piedad.

Se rendre à Haines depuis Whitehorse

  • Par la route en empruntant la route de l’Alaska jusqu’à Haines Junction, puis la route de Haines : comptez environ 5 h de conduite.

2 réflexions sur “Le mont Ripinski en hiver : entre galères et émerveillements

Laisser un commentaire