Les « premières fois »

 

Les yeux grands ouverts, un sourire béat figé sur mes lèvres, car… je vis, vis le moment présent et profite de chaque instant…

 

… et surtout j’explore mon nouveau terrain de jeu et tente de découvrir les trésors qui s’y cachent ! Si en France, je vivais mes « dernières fois », le Yukon est un tout autre univers qui me permet d’expérimenter des premières fois : première sortie à -38°, première sensation de douleur dans le bout des orteils quand la chaleur daigne enfin y revenir, premières larmes aux yeux devant la beauté des aurores boréales… et aussi, premier « dog sitting » et branchement de voiture !

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En pleine contemplation…

Faire une liste exhaustive de toutes ces premières fois serait incontestablement long. Je suis perpétuellement sur le qui-vive… à l’affût de toutes ces nouveautés à expérimenter… et qui sait combien elles sont nombreuses dans ce territoire du Grand Nord ! Il y en a cependant une que j’attendais avec plus d’impatience que les autres, et qui me replongerait de nombreuses années en arrière, quand je songeais à devenir une championne de danse sur glace ! Je devais avoir neuf ans quand mon rêve s’est effondré 😉 Tous les samedis matin, maman ou papa se levait de bonne heure pour m’accompagner à mes cours de patinage artistique… et j’ai vite réalisé que je n’étais pas très douée pour cette discipline… Mes leçons n’ont donc duré qu’un an. Je ne suis toujours pas une virtuose de la glisse, mais j’adore être sur des patins ! Alors, accompagnée de Camille, une PVTiste belge de mon âge, rencontrée mi-novembre, et avec qui je partage désormais beaucoup de mon quotidien, je pouvais enfin renouer avec cette passion passée… C’est sur Chadburn Lake que je rechaussais à nouveau mes « ice-shoes(1) » …

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Photo prise par Camille

Si, aujourd’hui l’hiver est bien là, il a néanmoins été lent à s’installer, laissant les lacs et les rivières longtemps inaccessibles. Il aura fallu attendre mi-décembre pour que j’ose enfin m’aventurer sur ces immensités gelées… pourtant, la glace était assez épaisse depuis un moment et il n’y avait aucun risque à ce que je marche dessus… mais comment dire que les fissures m’effrayaient quelque peu…

La peur passée, armées de nos pelles et de nos patins, nous établissions notre campement à la fin de Chadburn Road. Première étape : dégager la neige de la glace, et nous nous aperçûmes très rapidement que ce serait le plus long et le plus physique de notre aventure « ice-skating » ! La patience n’étant pas la qualité qui nous décrivait, ni l’une, ni l’autre, le mieux, nous chaussions nos patins malgré la taille ridicule de notre patinoire… Elle était minuscule, et nous en avions vite fait le tour ! Mais, nous étions heureuses 🙂
Quelques jours et quelques coups de pelles plus tard, nous étions fières de notre espace ; enfin d’une taille acceptable, nous pouvions désormais nous faire plaisir !

Il m’est difficile de mettre des mots sur ce que je vis quotidiennement dans cette province perdue du Canada, car aucun n’est assez fort pour exprimer ce que je ressens à chaque première fois. Tout, ici, apporte sérénité et liberté. Alors s’il m’a fallu oublier mes craintes la première fois que je suis montée sur un lac gelé, et surtout lorsque je l’ai entendu chanté, je ne regrette surement pas d’avoir franchi le cap… Car la liberté était bien là, dans chaque coup de lame sur la glace. Je me sens seule au monde, à évoluer dans un environnement sauvage, au milieu de nulle part. Je respire à pleine bouffée d’air pur. Je vide mon esprit pour laisser les émotions le submerger devant la beauté des paysages qui m’entourent… et je n’ai pas été déçue lorsqu’un « vrai » canadien m’a permis de m’immerger plus profondément dans cette nature… Une autre première fois qui a répondu à toutes ses promesses !

 

« Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage. », Périclès.

 

(1) Chaussure de glace
Pour la petite anecdote, je discutais avec l’un de mes colocataires canadiens de l’achat de mes patins, en utilisant ce fameux mot : « ice-shoes ». Après un bon moment déjà, il m’arrête et me regarde très sérieusement en me disant : « But don’t use the word « ice-shoes », people will have no idea of what you’re talking about, you mean « skates », right? »… J’ai encore du chemin à faire pour communiquer dans la langue de Shakespeare… Pourtant, j’essayais d’être logique, … on dit bien « snow-shoes » pour les raquettes à neige…

8 réflexions sur “Les « premières fois »

  1. Trop contente d’avoir des tes nouvelles, je te lis heureuse et épanouie !!!! oui après les « dernières fois » il y a les « premières fois », alors ENJOY !!! profite et vis gros bisous ❤ (je suis carrément jalouse pour n'avoir pas vues les aurores boréales, un rêve….)

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